Un symposium international sous l'intitulé générique «La traduction et ses pratiques entre formation et actualisation» a été ouvert mardi au Crasc, mais à l'initiative de l'unité de recherche sur la traduction et la terminologie que dirige Kelthouma Aguis. «Les interventions portent sur divers aspects de cette discipline, regroupés autour de 5 axes de réflexion, mais ce qui est nouveau dans notre démarche, c'est l'introduction de la langue amazighe en tant que langue de travail, un fait inédit à Oran», précise-t-elle. De manière générale, l'état des lieux de la traduction en Algérie, présenté lors de la conférence inaugurale par Saïd Boutadjine, de l'université Abdelhamid Ibn Badis de Mostaganem, est peu reluisant. Les chiffres qu'il a communiqués parlent d'eux-mêmes et traduisent le peu d'intérêt accordé à cette discipline, comparé à l'âge d'or de la civilisation arabo-musulmane. «En comparaison avec l'Espagne, l'ensemble des pays arabes traduisent actuellement 2000 fois moins qu'il ne faut pour rattraper le retard», indique-t-il, mais les exemples sont multiples. Pour le cas précis de l'Algérie, le conférencier déplore par exemple le fait que la discipline ne soit pas encadrée et que, hormis l'inexistence de subventions, les rémunérations proposées par les éditeurs privés ne reflètent pas la réalité des efforts fournis par les traducteurs. Pour lui, la traduction se limite presque aux deux langues, l'arabe et le français, même si les ouvrages originaux sont publiés dans d'autres langues, ce qui suppose des pertes successives dommageables à la qualité des œuvres. Des œuvres qui sont également souvent bourrées d'erreurs faute de contrôle par les spécialistes de la langue. Cet aspect a été pris en charge par Zakaria Besbasi, qui a épluché le livre L'Algérie passé et présent, traduit du français vers l'arabe par des auteurs algériens de l'université de Tizi Ouzou pour énumérer un certain nombre d'erreurs dues, selon lui, à une maîtrise imparfaite de la langue. A contrario, peut-on dire, l'intérêt de la communication que devait donner Kaci Sadi de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou est que le sujet porte sur la traduction de l'arabe vers le tamazight. Il s'agit de l'adaptation sous forme de poésie de l'histoire de Sidna Youssef. Dans un contexte dominé par l'oralité, il a essayé d'analyser les techniques mises en œuvre (traduction, adaptation, réécriture, recréation, etc.) pour aboutir à cette qasida (taqsit) intégrée dans le patrimoine culturel traditionnel de la région kabyle. Le conférencier s'est basé sur l'ouvrage Les poèmes kabyles anciens collectés par Mouloud Mammeri qui fait remonter cette adaptation au XVIIe siècle. La même histoire est évidemment également adaptée en «daridja» (arabe algérien) et cela fait dire au chercheur s'exprimant en aparté : «C'est extraordinaire de voir comment a été reçu cet héritage culturel du Moyen-Orient en Afrique du Nord avec ses deux langues.» Une séance complète présidée par Abderrahmane Zaoui est réservée à la thématique «La traduction et les textes juridiques».