« Je ne veux pas gérer un mouvement de protestation à longueur d'année, mais je veux m'occuper de la gestion d'un syndicat dans toute sa forme », a souligné hier Meriane Meziane, coordonnateur national du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement technique et secondaire (CNAPEST), lors d'une conférence de presse animée au lycée Zabana d'Hussein Dey. Au lendemain de la rencontre tenue au siège du ministère de l'Education nationale entre une délégation du CNAPEST et les représentants du ministère, M. Meriane s'est démarqué de la grève décidée au préalable par les enseignants affiliés au CNAPEST. Son geste est motivé, selon lui, par le fait que le ministre lui-même s'est engagé avec sérénité à prendre en charge, par la concrétisation dans l'immédiat, des revendications des enseignants. C'est la première fois depuis le début de la contestation que le premier responsable du ministère nous accorde un entretien et affiche sa disponibilité à régler nos problèmes en suspens. J'ai fait un compte rendu de la rencontre au bureau national et j'ai proposé le report et non l'annulation de la grève. Cette démarche nous aurait permis de gagner le respect de l'opinion publique », a soutenu le conférencier, qui n'a pas nié qu'il existe des partis politiques qui encouragent le débrayage, car cela sert leurs intérêts politiques. L'orateur a refusé d'avancer les noms de ces formations, mais nul n'ignore qu'il faisait allusion aux partis islamistes, d'autant plus qu'il avait donné un indice très important en indiquant que « ceux qui sont favorables à la grève sont ceux qui s'opposent au code de la famille et autres réformes ». Le bureau national du CNAPEST tiendra aujourd'hui un conseil national extraordinaire pour examiner trois points, à savoir l'évaluation des deux journées de protestation, discuter des problèmes auxquels sont confrontés les enseignants ainsi que la décision du coordonnateur national. « M. Meriane a le droit de s'expliquer et de donner son point de vue au conseil », a indiqué M. Lamdani, représentant de la wilaya d'Alger. De son côté, M. Meriane réfute la tenue d'un conseil national en cette période mouvementée. « Il n'est pas dans l'intérêt du CNAPEST de tenir un conseil dans des conditions pareilles. L'organisation d'un congrès est la seule alternative pour solutionner tous les problèmes qui risquent de diviser le syndicat qui est actuellement uni », a révélé M. Meriane, qui estime que son acte est une manière de tirer la sonnette d'alarme en ce qui concerne le fonctionnement du CNAPEST. « Il n'y a pas de divergences entre les membres du bureau, mais il y a des approches qui sont différentes. Aujourd'hui, il est impérativement nécessaire de revoir les statuts et de mettre en place un syndicat fort qui aura son poids sur le terrain », dira-t-il. Par ailleurs, si M. Meriane qualifie sa décision de sage et sert en premier lieu l'intérêt du syndicat, les autres membres du bureau ont interprété négativement sa démarche qui, de leur avis, vise l'éclatement de l'organisation. Par ailleurs, les membres du bureau du CNAPEST ont affiché leur satisfaction quant au taux de suivi de la grève qui a dépassé, selon eux, les 80%. De son côté, le Conseil des lycées d'Alger (CLA) considère qu'il ne peut y avoir de partenariat social sans reconnaissance du CLA en tant qu'interlocuteur, représentant mandaté des enseignants. Toutefois, estime le CLA, il ne peut y avoir d'autonomie syndicale si la tutelle continue à s'ingérer dans le fonctionnement des syndicats de l'éducation. « A cet effet, nous dénonçons l'ingérence de l'administration qui a placardé dans les lycées un appel appelant à surseoir au mouvement de grève émanant d'un syndicaliste. Cette ingérence est un précédent inacceptable pour une administration qui se doit d'être neutre », s'insurgent les responsables du syndicat. En outre, le CLA prend acte de la disponibilité de la tutelle à examiner son mémorandum et à organiser des rencontres pour faire converger les points de vue et étudier les questions socioprofessionnelles qui relèvent du ministère de l'Education nationale. Le CLA se dit favorable au dialogue comme mécanisme pouvant éviter des positions belliqueuses.