Le ministre sahraoui des Territoires occupés et de la Diaspora sahraouie, Mohamed Ouali Akeik, a appelé hier le Maroc à cesser de condamner les militants sahraouis pour leurs opinions politiques et en se fondant sur des aveux obtenus sous la torture, rapporte l'APS. «Le Front Polisario et le gouvernement» de la République sahraouie «tiennent à rappeler fermement qu'il est urgent que le royaume du Maroc cesse de condamner les militants sahraouis pour leurs opinions politiques et en se fondant sur des aveux obtenus sous la torture», a déclaré le ministre sahraoui qui se trouve à Paris pour des conférences avec la communauté sahraouie en France et assister à la première édition de l'université de la communauté sahraouie. Mohamed Ouali Akeik a ajouté que les prévenus, des étudiants sahraouis de Marrakech, qui ont affirmé leur innocence dès le début de la procédure et indiqué avoir été torturés lors de leur interpellation, «n'ont pas fait exception à la règle», relevant que la situation des prisonniers «reflète une nouvelle fois les nombreuses et graves violations du droit international humanitaire commises depuis plus de 40 ans dans les territoires occupés». Il a rappelé que l'instruction du dossier de ces prévenus s'est focalisée, comme pour tous les autres prisonniers sahraouis, sur leur revendication légitime à l'autodétermination. «Aucune enquête quant aux tortures subies n'a été ouverte alors que leurs déclarations font hélas écho à celles de nombreux autres ressortissants sahraouis détenus au Maroc», a-t-il relevé, indiquant que le Front Polisario et le gouvernement de la République sahraouie appellent les instances internationales à «faire immédiatement cesser l'impunité dont jouit le Maroc». A ce titre, les responsables sahraouis ont invité les institutions internationales à s'assurer que, dans le cadre du conflit de décolonisation qui les oppose au royaume du Maroc, «les populations civiles en territoire occupé soient en premier lieu protégées contre tout traitement inhumain et dégradant, comme l'exige le droit international humanitaire». Impunité Les 15 étudiants sahraouis de Marrakech, connus sous le nom des «Compagnons d'Al Ouali», ont été poursuivis pour «meurtre avec préméditation» et «destructions de biens publics», puis condamnés. Les étudiants ont tous clamé leur innocence dès le début de la procédure et indiqué avoir été torturés lors de leur interpellation. Condamnés en première instance le 22 juin 2017, ils ont écopé de peines allant de 3 à 10 ans de prison. A rappeler qu'une action urgente a été lancée lundi par l'organisation non gouvernementale (ONG) Amnesty International, pour sauver la vie d'un des prisonniers sahraouis du groupe de Gdeim Izik, dont la santé s'est dégradée et a atteint un état «critique». L'action consiste en un appel invitant les militants des droits de l'homme à écrire aux autorités marocaines pour garantir des conditions de détention conformes aux normes internationales aux activistes sahraouis, leur permettre l'accès aux soins et autoriser des visites sans restriction de leurs familles et avocats. Il s'agit notamment de l'état de santé du prisonnier Abdeljalil Laaroussi, transféré à la prison locale de Aïn Sbaa 1, et dont la situation est «très critique», a indiqué Amnesty. Condamné à la réclusion à perpétuité à l'issue du procès du groupe de Gdim Izik en juillet dernier, impliquant également 22 autres militants sahraouis, Abdeljalil a entamé une grève de la faim le 20 novembre. Il demande à être transféré à la prison locale d'Al Ayoune, au Sahara occidental, pour être proche de sa famille. L'ONG a affirmé que depuis son transfert de la prison d'El Arjat près de Rabat à la prison locale Aïn Sbaa 1 de Casablanca, le 16 septembre dernier, la santé de Abdeljalil Laaroussi s'était déjà «gravement détériorée» avant même qu'il n'entame sa grève de la faim, en raison des mauvaises conditions de détention dans sa nouvelle prison. Citant la famille du prisonnier et un de ses avocats, AI a rapporté que Abdeljalil souffre, entre autres, maintenant d'hypertension artérielle et de problèmes cardiaques. Il a été hospitalisé trois fois au cours du procès et l'administration pénitentiaire lui a administré un traitement qui ne convient pas à ses problèmes de santé, puisqu'il n'a été consulté par aucun médecin depuis son transfert, précise l'ONG. AI a relevé que la famille du prisonnier n'a pas été autorisée à lui rendre visite, et ce, sans aucune explication. Quand il leur a été enfin permis de le voir, l'entrevue n'a duré que 15 minutes malgré les longues heures d'attente. Le 10 octobre, la famille de Abdeljalil a déposé une plainte auprès de l'administration pénitentiaire pour mauvaises conditions de détention. Des plaintes ont déjà été déposées par les familles des autres détenus sahraouis condamnés dans le même procès. Le 16 septembre, 19 détenus faisant partie du groupe de Gdeim Izik ont été transférés de la prison d'El Arjat, près de la capitale marocaine Rabat, vers sept prisons différentes au Maroc. Les conditions de leur détention ont été déplorées depuis le début par plusieurs organisations, dont Amnesty International.