Le rapport de la commission Baker sur la guerre en Irak, remis mercredi au président Bush ne, s'est pas contenté de préconiser la fameuse nouvelle approche. Ou encore traiter exclusivement de ce sujet. Il a aussi mis en évidence l'urgence, voire le lien entre la situation en Irak, et celle d'une manière plus générale prévalant dans l'ensemble du moyen- orient, où prédomine l'état de ni-guerre ni paix. Deux jours plus tard, un ancien haut responsable américain disait à quel point, les dirigeants de son pays pouvaient imposer la marche à suivre à Israël, et décider d'un processus de paix. Les Israéliens ont visiblement compris le sens du message pour avoir réagi au volet proche-oriental de ce rapport, qui, plus est a simplifié l'équation, en n'excluant aucune partie. Et là, il s'agit de la Syrie, longtemps sous pression des Etats-unis et des occidentaux d'une manière générale. En ce sens, pourrions-nous comprendre, les Israéliens ont pris les devants, en proposant par différents canaux, la reprise des négociations avec la Syrie. Prenant visiblement le relais de ce rapport, le roi Abdallah d'Arabie-saoudite a sonné l'alarme sur la situation dans le monde arabe qu'il a comparé à un baril de poudre prêt à exploser, citant les territoires palestiniens, l'Irak et le Liban, à l'ouverture samedi à Ryad du sommet annuel du Conseil de coopération du Golfe. « Notre région arabe est assiégée par nombre de dangers, elle est comme un baril de poudre qui n'attend plus qu'une étincelle pour exploser », a dit le souverain saoudien s'adressant aux dirigeants des cinq autres membres du CCG, qui, pour la première fois, depuis plusieurs années, étaient tous réunis pour leur sommet annuel. Les Palestiniens font face à « une horrible (...) occupation » de la part d'Israël tandis que la communauté internationale regarde « comme un spectateur leur sanglante tragédie », a dénoncé le roi d'Arabie, auteur d'une proposition de normalisation arabe avec Israël en échange d'un retrait total des territoires arabes occupés, adoptée en 2000 par le sommet arabe de Beyrouth. Mais « le plus dangereux pour la cause (palestinienne) est le conflit entre ses frères », a-t-il estimé, faisant référence aux divergences opposant le mouvement Fatah du président Mahmoud Abbas au Hamas du Premier ministre Ismaïl Haniyeh, qui ont entravé les efforts pour mettre en place un gouvernement d'union nationale. En Irak, « un frère tue son frère », a ajouté le souverain faisant référence aux violences confessionnelles qui déchirent le pays depuis plusieurs mois. Le roi Abdallah a également averti que le Liban, secoué par une guerre civile entre 1975 et 1990, risquait de plonger dans un nouveau conflit si la crise politique perdurait. Parmi les autres sujets d'inquiétude des pays du Golfe, où vit une communauté chiite majoritaire à Bahreïn et minoritaire dans les autres monarchies, figure l'influence grandissante de l'Iran en Irak, en particulier sur les puissantes milices chiites irakiennes. Le secrétaire général du CCG, Abderrahmane Al Attiya, avait toutefois minimisé, jeudi, l'ampleur des inquiétudes d'une expansion de l'influence chiite dans les pays du CCG. Ces pays avaient aussi exprimé à plusieurs reprises leurs craintes à propos du programme nucléaire iranien. Là encore, M. Attiya a tenté d'en minimiser les risques. « Les responsables iraniens nous assurent que leur projet nucléaire est de nature pacifique (...). Nous ne ressentons pas de danger militaire iranien sur nos pays », avait déclaré M. Attiya. Les dirigeants du CCG (Arabie-saoudite, Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar et Emirats arabes unis) devaient examiner lors de ce sommet de deux jours les moyens de faire face à « la dégradation de la situation sécuritaire en Irak, principal sujet d'inquiétude pour ces pays », a indiqué un responsable du CCG. Les comités ministériels spécialisés du CCG recommandent aux dirigeants de « demander à leurs services de sécurité de préparer un plan commun d'action pour faire face aux répercussions d'une dégradation de la situation sécuritaire en Irak » sur les pays du Conseil, a ajouté ce responsable, sous le couvert de l'anonymat. L'on remarquera que ces discours paraissent plus mesurés que certaines déclarations liées au risque d'éclatement de l'Irak, ou encore de la montée en puissance du Hezbollah libanais qui avait été sévèrement critiqué aussi bien par l'Arabie-saoudite que l'Egypte lors de son opération anti-israélienne de juillet dernier qui avait servi de prétexte pour Tel-Aviv pour envahir et détruire ce pays. Cette fois, le Hezbollah suscite l'inquiétude par les tentations de s'emparer du pouvoir, ou de fomenter un coup d'Etat comme l'en accuse le premier ministre libanais. Il y a effectivement un débat de fond, mais la conclusion, qui sort de toutes les discussions, est qu'il faut vite trouver un règlement au conflit du proche-orient. Car les perdants sont plus nombreux qu'on ne le pense.