Placés devant leurs responsabilités par le contenu du rapport du groupe d'études sur l'Irak, le président US et le chef du gouvernement britannique parlent désormais d'une nouvelle approche dans la gestion de cette guerre et d'un retrait des troupes multinationales d'ici à 2008. Vingt-quatre heures après que la divulgation des propositions du document élaboré par la commission dirigée par l'ancien chef de la diplomatie américaine, James Baker, le patron de la Maison-Blanche n'a pas écarté l'éventualité d'un retrait d'Irak des troupes de combats d'ici à début 2008. Il s'agit là d'un changement radical dans la position de George W. Bush, qui refusait jusque-là catégoriquement d'entendre parler de cette possibilité. “Si les conditions le permettent, nous voulons que nos troupes de combat partent aussi rapidement que possible (...). Nous devons nous montrer flexibles et réalistes quand nous préparons les plans (de sortie). J'ai toujours dit que nous voulions que nos troupes partent aussi vite que possible”, a-t-il déclaré jeudi lors d'une conférence de presse commune avec son allié britannique, Tony Blair. Outre cette déclaration, qui traduit toute l'étendue de l'échec américain en Irak, le locataire du bureau ovale s'est engagé à examiner de manière attentive les propositions contenues dans le rapport. Déjà, lors de la cérémonie de remise du rapport, Bush a dit aux dix membres du groupe que “l'Administration prendrait très au sérieux” leur travail. Il a ajouté que “le rapport se livre à une évaluation sévère de la situation en Irak, il fait certaines propositions vraiment très intéressantes et nous examinerons chaque proposition sérieusement, et nous agirons rapidement”. Néanmoins, et afin de ne pas donner l'impression de céder à la volonté de personnes extérieures à son Administration, il a commandé d'autres rapports au Pentagone, à la Maison-Blanche et au département d'Etat. Il faut dire que la publication du rapport Hamilton-Baker n'a pas été favorable au président US, car le jour même dix soldats américains ont été tués en Irak. Ceci étant, le document, qui contient 79 propositions, prévoit sans calendrier précis un possible retrait de troupes américaines d'ici 2008. “D'ici le premier trimestre 2008, en liaison avec la situation sécuritaire sur le terrain, toutes les brigades de combat non nécessaires pourraient être retirées d'Irak”, lit-on dans le rapport remis à George Bush. Le rapport appelle aussi Washington à menacer l'Irak d'un départ anticipé si la situation sur le plan sécuritaire ne s'améliore pas, une menace jugée “injuste” par des responsables irakiens. “Si le gouvernement irakien ne fait pas des progrès substantiels vers des objectifs de réconciliation nationale, sécurité et gouvernance, les Etats-Unis devraient réduire leur soutien politique, militaire et économique au gouvernement irakien”, ajoute le rapport. Pour l'opposition démocrate, majoritaire au Parlement à compter de janvier, le rapport confirme son analyse de l'échec de la politique menée jusqu'à présent et préconise le changement réclamé par les électeurs en novembre dernier. En Irak, le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, un allié des Etats-Unis, a violemment rejeté, hier, le rapport du groupe d'études sur l'Irak, le jugeant “irréaliste et inapproprié”. “En dépit de notre gratitude envers le président George W. Bush et son Administration, pour avoir renversé l'ancien régime et leurs efforts à bâtir un nouvel Irak, nous pensons que plusieurs des recommandations du groupe d'études sont irréalistes et inappropriées”, a-t-il notamment déclaré. K. ABDELKAMEL