Le monde a célébré, hier, la Journée internationale des migrants, dans une conjoncture qui rappelle l'urgence de la prise en charge de ce phénomène qui n'épargne pas notre pays. Depuis quelques années, il n'y a pratiquement pas une ville algérienne qui n'a pas son lot de migrants qui vivotent dans les rues. Béjaïa en fait partie. Les migrants subsahariens se sont installés dans plusieurs localités de la wilaya depuis au moins trois années. Ils se sont débrouillés des gîtes de fortune, qui en dessous d'un pont, qui sous le toit troué d'une baraque, dans des conditions inhumaines qui ne changent pas depuis toutes ces années. Ils sont visibles en groupes, femmes, hommes, enfants et vieux. Parmi eux se trouvent des handicapés et des femmes enceintes ou avec des bébés dans leur giron. Ils vivent de la charité des habitants des villes qui les accueillent et où ils envahissent les espaces publics. Les automobilistes les croisent au milieu même des voies de circulation. Aux arrêts imposés par le feu rouge, comme dans la ville de Béjaïa, ils ciblent les conducteurs et les passagers des véhicules qu'ils sollicitent avec insistance, en tendant leurs récipients pour une aumône qu'ils ne reçoivent pas à tous les coups. Dans certains de leurs points de concentration, où ils se regroupent en famille, les femmes quémandent en tenant un bébé dans les bras ou dans une poussette. A ce niveau, les migrants ne sont pas tous des Subsahariens, mais visiblement des Syriens, ou même des Algériens, qui se font passer pour tels, comme le soupçonnent d'aucuns. Nous les retrouvons surtout à hauteur des passages à niveau ou des ralentisseurs des routes nationales avec tous les risques routiers que ces situations font peser sur eux.
Reflux La quête de l'aumône pousse migrants subsahariens et syriens à monter dans les moyens de transport public et à investir d'autres espaces en s'introduisant à l'intérieur des villes. Ils fréquentent les marchés hebdomadaires et quémandent à la criée à l'intérieur même des quartiers résidentiels. L'attitude des habitants oscillent entre irritation d'une sollicitation qui devient harcelante et avec parfois signalement de menaces d'agression physique ou verbale, et compassion qui s'exprime par de la charité en argent, en nourriture ou en vêtements. Dans certaines localités, le mouvement associatif s'est impliqué pleinement à plusieurs occasions dans des actions de solidarité qui comblent le vide laissé par l'absence de décision politique franche des autorités pour le devenir de ces migrants. En juillet dernier, des habitants riverains des Quatre chemins de la ville de Béjaïa ont protesté pour exiger des pouvoirs publics de trouver une solution au cas des migrants regroupés sous le pont. Une solution a été trouvée en rassemblant un maximum d'entre eux dans un camp de toile avant de les transférer vers le sud du pays pour être rapatriés. La disparition partielle des migrants dans les rues bougiotes n'a duré que quelques petites semaines avant que ne s'opère un reflux, en réapparaissant progressivement et en nombre. La dernière opération nationale de rapatriement a été entamée en août dernier, soit trois ans après celle de 2014, qui a vu le regroupement de près de 20 000 migrants. La situation n'a pas pour autant changé. Les migrants sont toujours là, dans les mêmes conditions, quémandant, exploités dans des chantiers, et sans loi qui définisse leur devenir.