Invités à maintes reprises par la direction des services agricoles de Biskra à participer à des journées d'information et de vulgarisation des nouvelles mesures édictées par le ministère de l'Agriculture visant à organiser et à développer leur filière, les producteurs de feuilles de tabac se sont distingués en cette fin d'année par leur absence à ces rencontres ponctuelles, a-t-on appris de sources fiables. Par cette action, ils veulent signifier leur refus et leur consternation quant au sort qu'il leur est réservé de la part des pouvoirs publics et des services de sécurité, lesquels saisissent systématiquement leur production, quand celle-ci est transférée sans documents ni autorisation légale de leur exploitation vers leurs clients. En effet, les agents de la Sûreté nationale, les douaniers et les gendarmes ont enregistré en 2017 des saisies record de feuilles de tabac sur les routes de la wilaya de Biskra. Il faut savoir que la production de feuilles de tabac est un créneau lucratif ne nécessitant pas de techniques culturales spécifiques ni de beaucoup d'eau d'irrigation ni de traitements phytosanitaires particuliers. Les graines sont plantées en février et mars et la récolte se déroule au mois d'août et septembre. A Biskra, quelque 200 agriculteurs s'y adonnent officiellement sur une superficie estimée à environ 65 ha, localisée principalement à Zeribet El Oued et à El Faïdh. Un hectare de culture produit 20 quintaux de feuilles de tabac. Les unités étatiques de transformation de cette matière les rachètent à 350 DA le kg tandis que sur le marché informel les feuilles de tabac atteignent 500 à 600 DA le kg, pouvant être transformées en différents produits tabagiques, tels que cigarettes, tabac pour pipe ou tabac à chiquer. Mécontentés non seulement par le prix proposé par les unités étatiques, mais aussi par les fortes charges fiscales auxquelles ils sont soumis, la majorité des producteurs de tabac de Biskra préfèrent apparemment le circuit informel leur offrant des dividendes plus intéressants. Ils rechignent et se rebiffent ainsi contre les tentatives des services agricoles d'organiser cette filière de l'agriculture et de leur permettre une commercialisation encadrée et légale de leur production, souligne-t-on.