Le gouvernement serait sur le point de délibérer au sujet d'une enquête qu'il avait diligentée en 2017 sur le dispositif des subventions généralisées. Les premiers éléments de cette étude, menée essentiellement par les services du ministère des Finances et ceux de la Solidarité nationale, devraient être annoncés sous peu. Probablement courant janvier ou février 2018. Un listing des personnes démunies serait proposé dans la perspective d'une réforme du dispositif des subventions généralisées, apprend-on auprès des services du ministère des Finances. L'Exécutif compte y aller mollo. Le chantier est d'une complexité avérée, voire de la sensibilité d'un explosif. La refonte est d'autant plus nécessaire qu'elle participe à une action d'ajustement budgétaire en réaction à la détérioration des positions financières internes et externes du pays. En réalité, un renoncement progressif au soutien généralisé des prix a été amorcé en 2016 lorsque le gouvernement, acculé par les tensions financières, touche, pour la première fois en près de 15 ans, à la sacro-sainte tarification de l'électricité, du gaz et des carburants. Depuis, les prix d'accès à l'électricité et au gaz ont été revus à deux reprises par le moyen de subterfuges fiscaux, tandis que les prix des carburants à la pompe ont été révisés à leur tour par la loi budgétaire des trois derniers exercices (2016-2017-2018). Les produits énergétiques pèsent pour environ 15 milliards de dollars dans la facture globale des subventions. Le soutien au secteur de la santé accapare environ 3 milliards de dollars, l'habitat pèse pour près de 5 milliards de dollars, alors que le soutien aux familles et aux produits de base mobilise annuellement une enveloppe de 4 à 5 milliards de dollars. C'est dire le poids de cette multitude de subventions qui grèvent le budget de l'Etat, sans compter d'autres concessions fiscales et budgétaires faites à une pléthore d'opérateurs, d'organismes et d'entreprises publiques. A l'heure où les positions financières du pays vont en se fragilisant, la réforme des subventions n'a jamais semblé aussi pressante pour un gouvernement en quête d'une marge de manœuvre budgétaire. C'est ainsi que le ministère des Finances était parti à l'offensive courant 2017 pour faire avancer ce projet de réforme. L'idée était de répertorier les personnes socialement vulnérables, susceptibles d'être intégrées dans un système de subventions ciblées. Il serait question d'instaurer à terme un système de transferts monétaires ciblés pour protéger les plus vulnérables parmi les couches sociales et salariales. C'est sans doute le plus grand défi économique et budgétaire des prochains exercices. L'actuel gouvernement semble se rendre à l'évidence que bon nombre des subventions existantes sont très régressives, corrosives, voire antiéconomiques. D'autres, à l'image du soutien aux prix du sucre et de l'huile, posent carrément un problème de santé publique, étant donné qu'elles participent à une surconsommation des produits sucrés et gras qui se traduit au final par le développement de l'obésité, le diabète et les maladies cardio-vasculaires.