Les organisations estudiantines et syndicales d'enseignants ont suspendu la grève prévue à partir d'aujourd'hui. Cette décision a été prise suite à «l'illégalité de la grève», décrétée par la justice. La décision de la justice a été rendue publique mercredi dernier par le tribunal d'Alger. L'appel à une grève illimitée, lancé fin décembre dernier par le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes aile Milat) et l'Union générale des étudiants libres (UGEL), pour des revendications liées à l'amélioration des conditions de travail et de scolarisation, a été ainsi suivi par la décision de suspension du débrayage prise par les bureaux nationaux du CNES et de l'Ugel, principaux signataires du préavis de la grève. Ces deux organisations ont justifié leur décision de surseoir au mouvement de protestation par le souci d'«exercer dans la légalité et dans le respect de la réglementation». Le CNES compte introduire un recours auprès de la justice pour contester la décision du tribunal administratif qui a, selon Abdelhafid Milat, coordonnateur national de cette aile du CNES, «pris sa décision sur la base d'informations erronées concernant le dossier». «Le conflit opposant les deux ailes du CNES aurait pesé sur la décision de la justice», selon des déclarations publiques de ce syndicaliste, promettant de mobiliser tout le personnel enseignant de l'enseignement supérieur, si la justice reconsidère sa décision. Le souci de se soumettre à la justice est également l'argument brandi par l'Ugel pour expliquer la décision du gel du mouvement de protestation. «Nous avons suspendu la grève mais nous restons attachés à nos revendications», souligne cette organisation estudiantine. Cette organisation rappelle «le discours de menace et de représailles» prôné par le département de Hadjar. Rappelons dans ce contexte la menace de mesures disciplinaires de toute tentative de fermeture d'université, en guise d'action de protestation. Tahar Hadjar, qualifiant la grève d'illégale, a, lors d'une déclaration à la presse faite au lendemain du préavis de la grève, menacé de mesures disciplinaires allant jusqu'à l'exclusion et poursuites devant la justice de tout étudiant empêchant le déroulement des cours. L'appel à la grève auquel se sont joints des étudiants de plusieurs facultés du pays est motivé par des doléances ayant trait à l'amélioration des conditions d'hébergement et de restauration des étudiants. Il s'agit aussi de revendications pédagogiques, ayant pour objectif le déblocage au niveau des structures universitaires, en raison de dysfonctionnements de l'application du système LMD. La plateforme de revendications concerne aussi le classement dans des catégories supérieures des titulaires de licence et master dans la Fonction publique. L'appel à la grève est également motivé par la revendication de l'abandon du système d'orientation actuel des nouveaux bacheliers «à l'origine des dysfonctionnements dans l'orientation et dans la gestion des recours». il s'agit aussi de la contractualisation des universités appliquant le système LMD avec les entreprises économiques, en vue de débouchés professionnels pour les diplômés. Ces revendications incluent aussi celles soulevées par les étudiants de l'Ecole nationale supérieure réclamant un recrutement direct des titulaires des diplômes ENS à travers une contractualisation avec le ministère de l'Education nationale.