Le PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, a mis en avant l'impératif d'un partenariat qui prendra désormais en compte, dans toute relation avec un partenaire étranger désirant investir en Algérie à l'horizon 2020-2030, une démarche globale incluant le solaire. A ce propos, M. Ould Kaddour, qui intervenait lors des travaux de la conférence dédiée à la transition énergétique, organisée hier au Palais des expositions à Alger, par le Forum des chefs d'entreprise (FCE), citera le cas de la compagnie norvégienne Statoil «qui veut revenir sur un champ de gaz qu'elle a abandonné depuis deux ou trois ans». La donne a cependant changé, souligne le PDG de Sonatrach, car, explique-t-il, «nous voulons désormais que le retour de ce partenaire - présent par ailleurs sur d'autres gisements en Algérie - soit accompagné d'un engagement sur le solaire, dans une démarche d'intégration globale». Il est à rappeler que la compagnie Statoil s'était désengagée en 2017 de son projet situé sur le périmètre de recherche de Hassi Mouina, dont le contrat avait été décroché en juin 2004. Le P-DG de Sonatrach citera en exemple l'italien ENI et le français Total, dont des représentants étaient présents hier à la conférence sur l'intégration énergétique, pour exposer justement leur démarche et l'intérêt de plus en plus grand qu'ils accordent au solaire dans leurs projets au sud du pays. Les deux responsables ont mis en avant la place importante qu'occupe l'Algérie dans la région. Pour le président de Total Solar, «l'Algérie peut représenter un pôle régional dans le domaine des énergies renouvelables et de la transition énergétique». Pour sa part, Ould Kaddour a souligné que Sonatrach s'est engagée dans une démarche de transition énergétique «depuis longtemps», en axant sur des projets intégrés incluant le solaire au sud du pays, via notamment des contrats avec ses partenaires étrangers. Le P-DG de Sonatrach a estimé que son groupe ne doit pas focaliser «à lui seul l'attention», dans le cadre de la démarche visant une transition énergétique, soulignant, dans ce sens, l'importance, au niveau local, d'un partenariat avec les entreprises nationales, dont celles du secteur privé, et au niveau international, un partenariat étranger basé «sur la fourniture du gaz par l'Algérie et de la technologie par les investisseurs étrangers», dans une optique favorisant l'émergence des énergies renouvelables. Transition énergétique, une démarche sur le long terme La stratégie de transition énergétique 2030, dessinée par le gouvernement s'amorce, selon le discours prononcé, hier, par le ministre de l'Energie, M. Guitouni, «sur le long terme, en vue de tendre vers la couverture des besoins énergétiques du pays» à partir du renouvelable, et en faire un facteur de développement industriel et de diversification économique. C'est notamment en se basant sur un très vaste potentiel dont jouit le pays à travers le solaire, l'éolien, la biomasse, que le programme du gouvernement, mis à jour en 2015, prévoit le développement d'une capacité de 22 000 MW d'électricité d'origine renouvelable, notamment solaire, à long terme. Ce programme, qui prépare la transition énergétique devrait permettre l'économie de quelque 300 milliards de mètres cubes de gaz, soit un volume additionnel aux réserves du pays, équivalent de 7 à 8 années de consommation nationale actuelle de gaz. Ce programme des énergies renouvelables est adossé, selon M. Guitouni, à celui de l'efficacité énergétique à travers diverses actions et projets au niveau de plusieurs secteurs économiques. Quant à l'état d'avancement de ce programme, le ministre a indiqué qu'il était en phase initiale de concrétisation, selon lui «nécessairement lente», avec la mise en place des cadres juridiques et institutionnels et la réalisation de plusieurs centrales photovoltaïques, totalisant une capacité de près de 400 MW. Après cette phase initiale, l'Algérie s'apprête, selon le ministre, à un déploiement à grande échelle de l'électricité renouvelable. Dans ce sens, le pays devrait saisir l'opportunité de développer les énergies renouvelables en mettant sur pied une industrie dans ce domaine, a-t-il ajouté. M. Guitouni a rappelé, par ailleurs, que l'Algérie dispose de réserves prouvées récupérables d'hydrocarbures de plus de 4000 milliards de tonnes équivalent pétrole (tep), dont plus de la moitié en gaz naturel. Selon lui, le pays produit en moyenne ces dernières années autour de 150 millions tep, dont quelque 100 millions tep sont exportés. Pour ce qui est de la capacité de production nationale, elle est appelée à croître à moyen terme, comme c'est le cas pour les exportations, a-t-il avancé. Pour le ministre, aux réserves prouvées récupérables s'ajoute le potentiel appréciable de ressources d'hydrocarbures (probables et possibles) restant à découvrir, au vu du vaste bassin sédimentaire du pays, relativement peu exploré. Au-delà de ce potentiel, viennent s'ajouter, en termes de réserves conventionnelles d'hydrocarbures, celles résultant de l'accroissement du taux de récupération de gisements en exploitation qui représentent une ressource importante à mobiliser pour améliorer le profil de production et les réserves nationales. A ce propos, a poursuivi M. Guitouni, le gouvernement s'attelle à promouvoir l'investissement pour l'élargissement de la base de ses réserves et développer sa production d'hydrocarbures, notamment par l'amélioration du cadre juridique et fiscal afin de le rendre plus attractif. Ceci se fera, selon lui, à travers la refonte de la loi sur les hydrocarbures engagée au niveau du ministère de l'Energie. En outre, au vu de ces ressources conventionnelles d'hydrocarbures, a souligné le ministre, «un scénario moyen de production permettrait à l'Algérie de couvrir largement ses besoins énergétiques et même de rester un exportateur significatif» à l'horizon 2030, voire au-delà.