Qu'est-ce qui fait courir le député du FLN, Baha Eddine Tliba ? Ecarté pratiquement de toutes les instances de son parti et privé de la vice-présidence de l'Assemblée populaire nationale (APN), il tente de braquer à nouveau les projecteurs sur lui à travers la brèche du 5e mandat. Alors que cette question n'est pas tranchée, le député de Annaba s'agite pour l'imposer comme seule thématique politique pour l'année en cours. Ayant annoncé, au début du mois de janvier dernier, la création d'une coordination pour soutenir le 5e mandat, l'homme a donné, dimanche dernier, les noms des personnalités qui feront partie de cette instance. Dans une déclaration à la presse, Baha Eddine Tliba donne des noms d'anciens ministres, Premiers ministres et d'ex-chefs de gouvernement, dont Abdelmalek Sellal, Abdelaziz Belkhadem, Abdelkader Ouali, El Hadi Ould Ali, Hamid Grine. Il cite même les noms du président de l'APN, Saïd Bouhedja, et du secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd. Mais il semble que les personnalités citées n'ont même pas été consultées, suscitant ainsi leur indignation. Le premier à avoir démenti ses contacts avec Tliba est l'ancien chef de gouvernement, Abdelaziz Belkhadem. Dans une déclaration à notre confrère El Khabar, l'ex-ministre d'Etat affirme qu'il n'était pas «au courant de l'existence de cette coordination pour le 5e mandat». «Je n'ai aucune idée sur cette initiative et je n'ai rencontré personne à ce sujet», déclare-t-il. C'est donc un premier démenti cinglant pour Baha Eddine Tliba qui a, visiblement, mis toutes les personnalités citées dans une grande gêne. Dans une déclaration à TSA, le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, s'en lave aussi les mains. Il affirme que son parti «n'a mandaté qui que ce soit pour lancer cette coordination». Le patron du FLN considère, peut-être, les agissements de Tliba comme une désobéissance, car ils interviennent moins d'une journée après «avoir interdit à tous ses militants de parler du 5e mandat». Selon lui, «seul le chef de l'Etat est en mesure de décider s'il veut briguer une autre mandature». Mais le député de Annaba ne se remet pas en cause. Il laisse même entendre «qu'il y a des personnes qui le contactent en catimini pour intégrer la coordination». «Ceux qui nous dénoncent actuellement veulent être les premiers à annoncer le 5e mandat», lance-t-il, pour justifier cette agitation. Cette question du 5e mandat devient un véritable casse-tête pour les partisans du maintien en poste de l'actuel chef de l'Etat. En novembre dernier, l'avocat et ancien président de la CNPPDDH, Farouk Ksentini, a reçu une gifle de la Présidence, lorsqu'il avait affirmé que le président Bouteflika voulait briguer un 5e mandat. «J'ai rencontré la semaine dernière (début novembre, ndlr) le président Abdelaziz Bouteflika. Nous avons discuté pendant une heure. C'est la quatrième fois que je le rencontre cette année. Je le connais depuis plus de 30 ans. J'ai constaté qu'il a un grand désir de se représenter pour un 5e mandat», affirme-t-il. La présidence de la République a rendu public un communiqué qualifiant les propos de Ksentini «d'affabulations». «Un certain nombre de déclarations rapportées par la presse électronique et quotidienne, hier samedi 18 novembre et aujourd'hui dimanche 19 novembre 2017, stipulent que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, aurait accordé une audience à Me Farouk Ksentini, qui aurait abordé avec lui des questions ayant trait à la situation actuelle ainsi que les perspectives futures. La présidence de la République dément, catégoriquement, autant la véracité de l'audience que celle du contenu qui lui est accolé et considère qu'il s'agit là de pures affabulations», précisait la Présidence dans ce communiqué.