Alors qu'on espérait sa régression, l'analphabétisme s'est, au contraire développé de façon inquiétante jusqu'à toucher la frange des jeunes. Au niveau de la wilaya d'Oum El Bouaghi, on a recensé plus de 130 000 analphabètes, soit 4,21%. Des cours d'alphabétisation sont dispensés dans toutes les régions de la wilaya. Paradoxalement, c'est dans les grands centres urbains, tels Aïn Beïda, Aïn M'lila, Ain Fakroun où l'on compte le plus fort taux d'analphabètes. L'office national de lutte contre l'analphabétisme n'a eu de cesse de multiplier les actions pour éradiquer ce phénomène propre aux pays sous développés. Dans les pays occidentaux, quand le taux d'illettrisme dépasse 1%, on tire la sonnette d'alarme. Si, chez nous, les pouvoirs publics s'inquiètent du développement de l'analphabétisme, il n'en est pas de même pour les citoyens qui, malgré l'ouverture des écoles, en dehors des heures de classe (surtout les lundis et jeudis soirs) manifestent peu d'intérêt pour les cours d'alphabétisation. D'autre part, nous avons remarqué que seule la gent féminine s'intéresse aux cours. Ce qui est encore plus inquiétant, c'est l'extension de la désalphabétisation. En effet, peu de gens, pourtant lettrés, s'adonnent à la lecture. D'ailleurs, si pour certains, en dehors des quotidiens, ils n'accordent guère de temps à la lecture des livres, comme cela se faisait dans un passé proche, pour beaucoup, lire semble être leur dernier souci. Est-ce à dire que les moyens audiovisuels ont supplanté la lecture, au point de la reléguer à une pratique obsolète et inutile ? Qu'est-ce qui a contribué à cette situation ? Certains arguent que la cherté des livres a découragé les gens à s'intéresser à la lecture. Toutefois, et nous l'avons constaté de visu, des centaines de volumes croupissent dans les bibliothèques communales. Personne ne daigne y jeter un regard. Ce qu'il va falloir, c'est de faire retrouver aux gens le goût de lire. Car, convenons-en, rien ne remplace le livre, et pour peu que se manifeste le goût de lire, on aura tout intérêt à préférer plonger dans la lecture d'un roman que de suivre les péripéties d'un film à la télévision. Ainsi, en plus de l'analphabétisation qui touche le 1/5e de la population de la wilaya, nous assistons à une effarante montée de la désalphabétisation.