Les phénomènes induits par la croissance démographique et l'étalement, dans l'espace, des zones urbaines imposent de nouveaux instruments dans la gestion des zones d'accueil des voyageurs au niveau de la ville de Sidi Bel Abbès, dont le nombre d'habitants a carrément quadruplé depuis l'indépendance. De 66 000 habitants, au début des années 60, le « Petit Paris » est passé à 230 000 à fin 2004, selon les estimations officielles, ce qui représente carrément la moitié des habitants de la wilaya. C'est ce qui fait dire aux responsables en charge du dossier du transport urbain qu'une profonde réflexion, à ce sujet, s'avère nécessaire. Car, au delà des aspects classiques définies dans les plans de circulation, cette réflexion doit prendre en compte une « rationalisation des outils de gestion permettant une plus grande fluidité sur les lignes de transport que compte le ville et la reconfiguration des missions assignées aux futures gares routières », estime-t-on. Celle qui existe actuellement connaît, d'année en année, un accroissement considérable du nombre d'usagers. Située à la sortie ouest de la ville, sur la route de Tlemcen, la gare routière qui dispose de six quais d'embarquement répartis entre les lignes interurbaines et inter wilayas, fonctionne sous un mode de concession. Depuis sept ans, c'est l'association des sourds et muets de la wilaya, reconvertie en coopérative, qui en assure la gestion et l'entretien. Malgré l'exiguïté des lieux, la gare routière assume toutefois sa fonction en maintenant l'activité de ses cinq bureaux d'enregistrement et en offrant des espaces d'attentes (uniquement pour les longs trajets), des sanitaires, des bureaux pour le personnel de gestion et d'orientation, une consignes à bagages et un parking. Elle propose également, en sous-traitance, plusieurs services : cafétéria, kiosque à journaux, taxiphone, boutiques pour commerce …..Mais, il n'en demeure pas moins que cela reste insuffisant eu égard au statut de ville carrefour, située au cœur de l'Oranie, que s'approprie la capitale de la Mekerra. Une idée prend désormais forme : elle consiste en la création d'un certain nombre de gares routières, de zones d'arrêt équipées et de haltes routières au niveau des quatorze chefs-lieux de daïras et autres agglomérations, afin de décongestionner l'unique gare routière de la ville. En attendant cette nouvelle configuration, beaucoup d'usagers ne font plus secret des désagréments engendrés par l'éclatement des sites d'accueil, en sus des surcoûts occasionnés. « Avant, la gare routière se trouvait en plein centre-ville, ce qui ne posait aucun problème en terme de sécurité, de confort et d'accessibilité. Avec le boom démographique et urbanistique qu'a connue la ville, il était, certes, impératif de lui trouver un nouvel emplacement. Le site choisi a-t-il été le plus judicieux ? Personnellement, j'en doute fort ! », considère Abdelkader, propriétaire d'un minibus assurant le transport des voyageurs sur la ligne Telagh-Sidi Bel Abbès. Cohérence « De la gare routière de Faubourg thiers à l'arrêt des bus desservant la localité de Tassala, je suis généralement obligé de prendre un taxi qui, à cause d'une circulation très dense au centre-ville, met dans le meilleur des cas, une demi-heure pour arriver à destination. Pourtant, c'est plus facile de prendre directement la direction de Tessala par la gare routière. C'est une perte de temps et d'argent », nous explique cet autre étudiant qui poursuit ses études à l'université d'E-senia (Oran). Non loin de là, la gare ferroviaire, dont la majestueuse bâtisse évoque un certain souci d'esthétique, se trouve être entièrement désavantagée par une urbanisation irréfléchie qui a concouru à son effacement face aux autres infrastructures d'accueil et de prises en charge des voyageurs. Localement (à l'échelle du chef-lieu), le nouveau réseau de transport constituée de treize lignes, couvre ce qui est convenu aujourd'hui d'appeler le « Grand Bel Abbès », regroupant le périmètre intérieur du chef-lieu de wilaya et deux autres localités de la couronne urbaine, Sidi Lahcene et Bellouladi. Redonner à la capitale de la Mekerra sa cohérence spatiale par la mise en adéquation du réseau de transport et du réseau urbain, constitue un véritable challenge. « Il s'agira en somme de dépasser la notion de lignes en vigueur et de proposer une prestation de services optimale en ce qui concerne le confort des usagers ». La première gare multimodale du genre, sera construite, au niveau de lotissement UB4 nord. La première du genre qui sera appelée à couvrir les besoins en déplacement pour toutes les lignes en exploitation sur la RN 13. La nouveauté introduite par cette réalisation est sans nul doute la mise en application, pour la première fois en Algérie, du principe de l'intermodalité qui permettra de combiner, sur le même site d'implantation de l'infrastructure, différents modes de transport terrestre, voire même ferroviaire. Une seconde gare intermodale est prévue pour les lignes desservies à partir de la partie Est de la ville de Sidi-Bel-Abbès. Même si le principe incontournable de l'intermodalité des transports ne semble pas avoir convaincu encore les différents opérateurs qui veulent s'en tenir au désordre qui caractérise le secteur dans son ensemble à Sidi-Bel-Abbès, les responsables locaux gardent l'espoir d'en codifier un jour l'usage et la mise en application dans le cadre global du schéma de développement de la wilaya et des différents plans de transport.