Lors des récentes intempéries qui ont fortement frappé la ville de Mostaganem, deux petits enfants ont failli périr sous les décombres à la suite de l'effondrement de la toiture d'une habitation précaire. Nous nous sommes rendu sur place après avoir été sollicité par le père de famille qui voulait montrer la vie de sa famille qui est extrêmement en danger. Sur place, nous découvrons la gravité de la situation. Une famille composée d'une grand-mère, un couple et leurs deux enfants vit dans une pièce où le plafond est lézardé par de sérieuses fissurations. Mais en écoutant l'histoire de cette misérable famille racontée par le père, lequel nous a confié que «sa famille est venue de Mohammedia, il y a dix ans, s'installer à Mostaganem», nous avons été particulièrement touchés par le destin triste de ces enfants. «Je regardais la télé avec mon petit frère quand le plafond s'est effondré sur nous. Mon frère est resté sous les décombres. Il a été secouru par les voisins qui l'ont évacué par la fenêtre», témoigne Alaa, 16 ans. A quelques pâtés de maisons, près de la rivière où tous les déchets de la ville sont évacués, au milieu d'odeurs nauséabondes et d'insectes et de reptiles dangereux, une série de taudis poussent comme des champignons. Au total, 32 familles y vivent avec une dizaine d'enfants. Un cadre effroyable d'où l'enfant ne pourrait sortir psychiquement indemne. Najat, 15 ans, lycéenne, nous a avoué que cette vie ne lui est plus supportable tant les calomnies proférées par ses camarades de classe lui sont abjectes et inconcevables. «On m'insulte en me nommant Bent el oued (fille de la rivière)». A la même région, dans la ville de Mostaganem, sous les ordres des anciens walis et chefs de daïra, une opération de démolition des maisons précaires et de délogement des familles a eu lieu l'an dernier. Aujourd'hui, d'autres sont venus squatter ces lieux en construisant d'autres taudis pour espérer bénéficier d'un logement social. «Je vis au milieu des rats et des serpents. Durant la nuit, on gèle de froid comme si on dormait dans la rue», nous explique Ilham, 10 ans. Selon les chefs de ces foyers, nombreux sont les enfants qui sont devenus malades à cause du manque flagrant d'hygiène et de confort. En attendant des réactions sérieuses des autorités et des associations sur le cas ô combien critique de ces enfants, ces derniers continuent à mener une vie précaire dont les conséquences pourraient être fatales.