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Huguette Labelle, présidente de Transparency International
Informer sur les revenus et les dépenses de l'Etat
Publié dans El Watan le 16 - 12 - 2006

La présidente de Transparency International (TI), Mme Huguette Labelle, a indiqué, jeudi, lors de son intervention aux Débats d'El Watan, qu'il faudrait faciliter l'accès public aux informations sur les revenus et les dépenses de l'Etat pour instaurer une transparence susceptible de freiner le phénomène de la corruption.
« Les revenus de l'Etat doivent être connus du grand public et les citoyens sont en droit d'exiger la clarté et la transparence des dépenses dans chaque secteur d'activité. De même que l'argent du pétrole ne doit pas être confiné dans des fonds spéciaux », soutient l'ex-ministre canadienne. En Algérie, cette question a été justement maintes fois soulevée par des parlementaires et des hommes politiques qui ont émis des doutes sur la gestion du Fonds de régulation des recettes (FRR). De même qu'un rapport du FMI avait suggéré aux autorités du pays d'intégrer ses recettes dans le budget de l'Etat et de mettre plus de transparence dans la gestion des comptes spéciaux. Pour Mme Labelle, même si aucun pays ne détient le monopole de l'intégrité, la lutte contre la corruption doit reposer sur deux grands secteurs, à savoir la justice et les finances. Cela suppose « une justice performante et des agents judiciaires intègres et indépendants », souligne encore la présidente de l'ONG. Une série d'instruments de lutte contre la corruption ont été développés à cet effet par Transparency International et présentés aussi bien aux gouvernements qu'aux industriels privés. Il s'agit d'outils et de pratiques exemplaires qui « les engagent à la transparence et au respect des bons principes dans les affaires », explique Huguette Labelle. Elle citera quelques exemples de pays où ces instruments ont porté leurs fruits comme en Tanzanie où la perception de la corruption a considérablement reculé, permettant ainsi au secteur de la santé, par exemple, de bénéficier de la totalité du budget dont il dispose. En Ouganda, un pays classé parmi les plus corrompus, les mêmes instruments ont permis également d'améliorer les dépenses réservées au secteur de l'éducation qui ne percevait que 24% du budget global de l'Etat, souligne encore la présidente de TI. Dans le domaine des passations de marchés, le Panama a décidé, dans le cadre de la mise en œuvre des instruments de lutte contre la corruption, d'instaurer un système de suivi de ces marchés assuré par des juges et des comptables connus pour leur intégrité. Par ailleurs, dans le but de rapatrier les capitaux issus des diverses pratiques de malversations et de corruption, Mme Labelle a indiqué que « cet argent ne devrait plus bénéficier d'une quelconque protection » de la part des Etats ou des institutions financières et qu'un travail se fait actuellement dans le sens de soutenir les Etats « à recouvrer les capitaux ayant fui leur pays d'origine vers des paradis fiscaux ». Elle fera savoir également que la Conférence des Etats-parties (CEP) tenue en Jordanie du 10 au 14 décembre, a prévu des mécanismes internationaux d'application dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention des Nations unies contre la corruption, ratifiée par 80 pays. Parmi ces mécanismes, il a été proposé d'instituer une commission chargée d'aider les Etats à recouvrer les capitaux ayant fui leurs pays d'origine. Globalement, la présidente de la « coalition mondiale de lutte contre la corruption » a estimé qu'en matière de lutte contre ce fléau, « les lois existent mais ne sont pas appliquées » et que les institutions d'anti-corruption mises en place « manquent souvent d'indépendance et de moyens financiers ». Elle a enfin suggéré, dans le cadre de la lutte contre ce fléau, davantage de liberté d'expression et d'association.

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