La délégation du Fonds monétaire international, présente à Alger depuis le début du mois en cours, livrera demain ses premières impressions suite aux consultations avec les responsables algériens et à l'examen de la situation économique du pays. La délégation, conduite par son chef de mission Jean-François Dauphin, animera une conférence de presse durant laquelle il est attendu de voir les premiers résultats de «l'enquête» livrés à l'Algérie avant le rapport du Conseil d'administration du FMI en juin prochain. C'est d'ailleurs sur la base du travail de la présente délégation que le rapport pays sera élaboré. A son arrivée, Jean-François Dauphin avait gratifié les autorités algériennes d'un bon point en affirmant l'existence d'une réelle volonté et capacité de l'économie algérienne à surmonter les difficultés, et que la baisse des recettes pétrolières serait une «opportunité pour accélérer le processus de diversification de l'économie». Depuis, la mission du FMI s'est entretenue avec différents membres du gouvernement, notamment les ministres de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, des Finances, du Travail et de la Sécurité sociale. Ces derniers ont présenté la feuille de route du gouvernement pour sortir d'une crise financière qui semble moins pesante avec la stabilité actuelle des prix du brent sur le marché international. La locomotive économique ne donne toutefois pas des signes de reprise. La présence de la délégation du FMI intervient d'ailleurs dans un contexte marqué par un débat très controversé sur le recours au financement non conventionnel. Une option qui a d'ailleurs été critiquée par le FMI en novembre dernier. «Toutes les expériences dans le monde ont montré que ce n'est pas la meilleure solution», commentait Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI. Il notait, dans une réponse sur le choix de l'Algérie d'opter pour la planche à billets, que ce procédé a eu un sérieux impact sur les réserves de la Banque centrale et sur le taux d'inflation dans les pays qui ont en fait le choix. «Il existe d'autres mécanismes et de meilleures voies sans impact négatif et garantissant plus d'indépendance à la Banque centrale.» Aujourd'hui que le processus d'imprimer les billets est déjà mis en œuvre, quel sera l'avis des missionnaires du Fonds ? Outre la question de la planche à billets, le FMI s'était prononcé, et sans surprise, en faveur de la politique de privatisation prônée par le gouvernement mais ne misait pas beaucoup sur une relance de la croissance. Dans ses estimations, le FMI ne s'attendait qu'à moins de 1% de taux de croissance pour l'année 2018, alors que la loi de finances table quant à elle pour un taux de 4%. Les prévisions du FMI misaient aussi sur une croissance du PIB ne dépassant pas la barre de 2% en 2018. Sur le plan social, la directrice du FMI avait exhorté les pays arabes, lors du Forum sur les finances publiques tenu à Dubaï en février dernier, à réduire les finances publiques et à réduire les salaires dans la Fonction publique et le volume des subventions gouvernementales, et ce, pour une meilleure maîtrise des dépenses et de relancer la croissance. «Les subventions à l'énergie sont extrêmement coûteuses, en moyenne 4,5% chez les exportateurs de pétrole et de 3% du PIB chez les importateurs», disait-elle. Et de noter que la réduction du taux de chômage nécessitait des réformes plus audacieuses et une croissance de plus de 6%.