La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) dénonce le traitement réservé aux migrants subsahariens expulsés récemment par les autorités. L'organisation accuse l'Algérie d'avoir mis en danger la vie de personnes vulnérables abandonnées dans le désert. «Une vague d'arrestation massive de personnes migrantes a eu lieu les 11 et 12 mars à Alger. Au total, selon les informations qui ont pu être obtenues, plus de 280 personnes ont été arrêtées, dont 12 enfants. Les organisations se trouvant sur le terrain confirment que les arrestations se sont déroulées de manière arbitraire, par des agents des forces de l'ordre en civil et en uniforme. Les arrestations ont été effectuées au faciès, sans qu'aucune procédure ne soit respectée», dénonce la FIDH dans un communiqué rendu public, hier. Selon la même source, les migrants arrêtés sont «transportés par bus à la frontière avec le Mali ou le Niger où ils sont abandonnés sans ressource, vulnérables à tout type d'abus, de violations et de risque pour leur vie». Poursuivant, la FIDH condamne, surtout, la violation de la réglementation en la matière, puisque «les procédures d'expulsion ne sont pas respectées». «De nombreux témoignages font état de renvois forcés à la frontière non seulement nigérienne, mais également malienne, et ce, en l'absence de tout accord de la part du Mali de réadmettre ces personnes», lit-on dans le document. Selon l'organisation, les conventions internationales et même la loi 08/11 relative aux conditions d'entrée, de séjour et de circulation des étrangers en Algérie sont bafouées. Elle cite, dans ce sens, les «entraves à l'accès des autorités consulaires aux lieux de détention, l'absence de droit à un conseil juridique et de notification de l'ordre de quitter le territoire, ainsi que de contrôle de l'autorité judiciaire de la légalité de l'arrestation». La FIDH dénonce aussi la «privation des migrants de la liberté et leur conduite à la frontière ainsi que l'abandon en plein désert d'adultes, d'enfants, de personnes vulnérables». Le comité des Nations Unies réagit Dans son communiqué, l'organisation rappelle que le Comité des Nations unies sur les droits des travailleurs migrants a demandé à l'Algérie de s'expliquer sur cette situation. «La réponse des autorités algériennes sera examinée par cette instance onusienne les 10 et 11 avril prochain», précise-t-on. En plus des conditions citées, la FIDH affirme que «la loi algérienne ne permet pas de régularisation ni d'accès à une forme de protection internationale (pas de loi sur l'asile à ce jour)». De ce fait, ajoute-t-on, les migrants sont installés «dans une vulnérabilité et précarité insupportables». «Nous appelons les autorités algériennes à cesser immédiatement ces pratiques illégales, non conformes aux conventions internationales ratifiées par l'Algérie. Nous interpellons en particulier le Comité des Nations unies pour les droits des travailleurs migrants qui examinera les réponses de l'Algérie les 10 et 11 avril 2018. Nous appelons les mécanismes de l'Union africaine, notamment la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples, à agir», souligne la Fédération internationale des droits de l'homme.