On dit que «la démocratie est une révolution couchée qui fait ses besoins dans des draps blancs». Dans les sociétés occidentales, la démocratie correspond à leur trajectoire historique, à leur philosophie politique, à leur élite intellectuelle, qui place l'homme au centre de l'univers. C'est une donnée endogène à la société européenne, qui reflète sa propre histoire gréco-romaine et ses propres croyances religieuses. Une société qui enferme ses vieux dans des maisons de retraite et enterre ses morts en cachette, loin du regard des vivants, comme si la mort ne les concernait pas. Une société qui «féminise» les hommes dans leurs émotions, leurs sentiments, leur psychologie, et «masculinise» les femmes dans leur façon de vivre, de s'habiller et de travailler. Une société où l'éducation des filles et des garçons est indifférenciée. Une société où l'amour et la haine couchent dans le même lit. Des couples qui mettent au monde des enfants sans attachement familial, centrés sur leurs propres désirs, qui seront adoptés par des couples homosexuels ou des lesbiennes. Une société qui légalise le mariage libre de deux personnes de même sexe, comme si l'homme pouvait marcher avec deux pieds droits ou deux pieds gauches. Une société dépravée, où l'argent facile coule à flots et corrompt l'homme et la femme en proie à des achats compulsifs de biens matériels afin de combler leur vide spirituel intérieur. Une société où l'argent remplace le phallus au lit, castre l'homme et avilit la femme, une société où l'homme perd sa virilité et la femme sa féminité. Une société qui considère comme évoluée la femme qui porte dans son sac des préservatifs et des pilules. Dans le monde moderne, la femme s'habille comme un homme, conduit comme un homme, travaille comme un homme, le soir, elle est étonnée qu'elle soit prise comme un homme. Une société où la femme investit l'espace public et l'homme se réfugie dans l'espace privé. Les femmes ont investi massivement le marché du travail, où toutes les carrières professionnelles leur sont ouvertes. En Algérie, les hommes fuient l'effort physique, l'endurance morale, les métiers manuels et agricoles, et se consacrent au commerce de l'alimentaire et du cosmétique. Nous assistons à une «féminisation» rampante de la société. Une société où l'époux n'a plus d'autorité sur son épouse, qui vaque librement à ses occupations, abandonnant l'éducation de ses enfants, les livrant aux démons de la rue. Une société où la femme, fatiguée par un rythme infernal qu'elle s'impose, s'épuise très vite, vieillit mal et meurt prématurément. Une société où les liens de filiation sont rompus, le frère ne demande plus après son frère et les parents ne cherchent plus après leurs enfants. Une société endormie, où l'appel du muezzin n'est pas entendu. Une société sans âme, où le ventre est plein et le cœur vide. Une société où le SMS dispense les enfants de rendre visite à leurs parents lors des fêtes religieuses. Des enfants rois, qui se transforment en adultes tyrans. Est-ce l'individualisme que l'on recherche, c'est-à-dire une société dans laquelle nos enfants ne seront plus solidaires de leur famille, mais agissent comme bon leur semble, comme s'ils étaient tombés du ciel, c'est-à-dire des enfants «x» ? C'est ce que l'on peut appeler la génération «SMS». Des individus asexués, sans identité, sans racines, sans ancêtres, sans traditions, sans milieu, sans foi ni loi, qui n'obéissent qu' à la force du grand nombre. En investissant massivement le marché du travail, les femmes se sont coupées de leurs enfants pour en faire plus tard des adultes asexués, fruits de la révolution sexuelle qui a débuté aux Etats-Unis dans les années 50' avec le rapport Kinsey et parachevée récemment avec le mariage libre. C'est cela la société démocratique qui nous envoûte, nous absorbe, nous ensorcelle. Nous adoptons sans état d'âme les modes de vie et de pensée occidentaux. Nous tournons le dos à nos racines, à notre histoire, à nos traditions, à notre religion. Nous finirons par rester seuls face à nous-mêmes, sans lien de filiation, sans honneur, sans dignité, dans un dénuement total et un égarement manifeste. Tout cela pour dire que la femme est à la démocratie ce que l'homme est à la dictature. Si la démocratie fait ses besoins couchée dans des draps blancs, la dictature les fait debout dans la nature. Ce réquisitoire ne m'empêche pas de partager le sentiment de Jean Rostand, quand il écrit : «Tant qu'il y aura des dictatures, je n'aurai pas le cœur à critiquer une démocratie.» Même si ces dictatures endossent le burnous blanc de l'islam pour développer de nouvelles dynasties, ou portent le costume deux pièces de la laïcité (religion et politique), avec une cravate qui les accroche aux puissances dominantes hégémoniques, ou les deux à la fois, ce qui n'est pas incompatible, le premier pour tromper la vigilance des musulmans, mais certainement pas de leur créateur, le second pour rentrer dans les grâces de l'Occident, qui ne demande qu'à être servi. La formule constitutionnelle consacrée étant que l'islam est la religion de l'Etat, comme si l'Etat était une personne physique. L'Etat est une personne morale, une création du droit positif, une fiction juridique. Seul l'individu, une créature de Dieu, a des obligations à l'égard de son Créateur, un Dieu omnipotent, omniscient, atemporel. Pour certains penseurs musulmans, deux abstractions ne peuvent coexister ensemble : soit l'une, soit l'autre. Ce serait de l'«associationnisme». Pour d'autres, il convient de séparer le politique et le religieux, les deux ne font pas bon ménage. C'est un cocktail Molotov. Le feu et l'eau ne peuvent s'unir. C'est soit l'un, soit l'autre. Cela nous amène à poser une question éminemment philosophique, mais qui a son importance dans le contexte actuel : est-ce à l'Etat, personne morale, d'obéir à l'islam, religion révélée ? Ou est-ce à l'islam d'obéir aux lois édictées par l'Etat ? Problématique épineuse à résoudre quand l'islam vire à l'islamisme et l'islamisme oscille entre la tendance des Frères musulmans et à la tendance salafiste, diamétralement opposée. La présence symbolique des gouvernants aux cérémonies religieuses peut-elle suffire pour affirmer que la religion de l'Etat est l'islam ? Par quel stratagème une personne morale, une fiction juridique, peut-elle remplir ses obligations religieuses relevant des personnes physiques ? Dans l'affirmative, les ressources en jachère de l'Etat ont-elles atteint le «nissab» ? Est-il redevable de la zakat el mel ? La zakat el mel étant une obligation religieuse, il y a combien de Parlements arabes et musulmans qui ont légiféré en matière de collecte et de distribution de la zakat el mel (l'impôt sur la fortune) auprès des musulmans dont la fortune licite a dépassé le «nissab» ? Au regard de la morale islamique, toute fortune illicite doit être combattue par l'Etat, dont la religion est précisément l'islam. Ironie du sort, c'est dans ces pays que prospère la corruption à ciel ouvert. Pourtant, l'islam prône la solidarité entre les individus, réduisant drastiquement les disparités sociales explosives en invitant les gens aisés à contribuer à résorber la misère des pauvres gens en versant la zakat el mel, à la différence du libéralisme, qui développe l'individualisme outrancier, faisant profiter les riches pour devenir de plus en plus riches, et condamnant les pauvres à plus d'exclusion et plus de misère. C'est cela l'homme moderne que nous propose la démocratie occidentale. Un individu qui finira par rester seul face à lui-même, sans liens de filiation, sans honneur, sans dignité, dans un dénuement total et un égarement manifeste. Sur un autre registre, l'islam habille les femmes en les entourant de mystères alimentant les fantasmes des hommes. Et l'Occident dénude les femmes et les expose en vitrine au regard impudique des hommes. Qui baisse ses yeux, élève son âme. Où est l'épanouissement ? Où se trouve l'avilissement ? L'islam est un instrument de libération et non d'oppression de la femme. Que signifie la démocratie ? «Dévoiler» ses femmes aux yeux des Occidentaux, en baisse de désirs, à la recherche de nouvelles sensations fortes, ou «voiler» sa fortune au regard de Dieu, en ne versant pas la zakat ? En effet, qui paie la zakat révèle sa fortune et affiche son islamité. Alors que prône l'islam ? La transparence ou l'opacité ? Que nous enseignent les démocrates occidentaux ? «Faites ce qu'on vous dit et ne faites pas ce qu'on fait». La laïcité n'est pas un cache-sexe et le voile n'est pas une ceinture de virginité. «Couvrez-moi ce sein que je ne saurais voir», disait Molière. Une femme sans foulard est comme une maison sans rideaux, elle est soit à vendre, soit à louer. Que les uns et les autres nous dévoilent leur part d'ombre et leur part de lumière. Entre la rigueur islamique et les libertés laïques, le monde arabe se cherche. La planète Terre se trouve prise en tenaille entre un Etat monde unipolaire laïque, gouverné par les lois de l'homme, et un Etat monde unipolaire islamique, inspiré des lois divines. L'un suppose la disparition des Etats-Nations, l'autre la création d'un clergé musulman, à l'instar du Vatican. Le premier pèche par l'uniformisation des nations et le second par l'absence de clergé dans l'islam. Pour un profane, un Etat de droit est un système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise au droit constitutionnel et non à la volonté des gouvernants. C'est une architecture intellectuelle des citoyens libres et égaux devant la loi. En terre d'islam, la démocratie est-elle donc contre- nature ? La laïcité sera-t-elle une condition sine qua non de la démocratie ? L'islam empêche-t-il véritablement les peuples arabes et musulmans de disposer librement de leur destin ? La réponse nous semble être dans ce proverbe : «Dieu nous donne des mains, mais ne bâtit pas les ponts.» L'islam est la loi de Dieu et la démocratie est la loi de l'homme. Quoi dire de plus ? La démocratie dans le printemps arabe est une rose, elle ne dure qu'un temps, le temps d'une saison, le temps d'une élection, elle est fragile, son jardin nous envoûte, son parfum nous enivre, ses pétales sont nos rêves et ses épines sont nos réalités… Tout comme la femme, jamais acquise, toujours à conquérir. «La femme est la terre, et l'homme est le ciel». C'est le ciel qui fertilise la terre. La femme commande l'homme en lui obéissant. En islam, être marié revêt une part importante de la religion musulmane. Le seul cadre pour l'activité sexuelle, c'est le mariage. Le mariage est devenu tellement cher que les prétendants attendent jusqu'à trente ans sinon plus pour se marier et à condition de disposer d'un logement et d'un travail ou d'un commerce. Le taux de chômage en Algérie est parmi les plus élevés dans le monde arabe et touche particulièrement la jeunesse. Les deux tiers de la population ont moins de trente ans. Le chômage touche plus de 30% de la population en âge de travailler. Ce taux résulte de l'absence d'une stratégie saine de développement et d'une opacité dans la gestion des ressources financières du pays, sans oublier un système éducatif inadapté, où des diplômés de l'université sont sans emploi. Il s'agit d'un chômage de longue durée, qui contribue à la dévalorisation de l'enseignement. Les compétences enseignées ne correspondent souvent pas aux besoins du marché. La politique d'infantilisation a féminisé la société. De l'enfant roi, on est passé à l'adulte tyran. Quand l'enfant est roi, ce sont les femmes qui exercent la régence. Devenu adulte, il cherche à se substituer à l'autorité de l'Etat. Les rapports parents-enfants sont de l'ordre de la séduction, qui est le contraire de l'éducation. La télévision s'est substituée à la famille. Le père n'est plus capable d'aider ses enfants à rompre le lien fusionnel avec leur mère. Une famille patriarcale, où les relations parents-enfants se superposent entre le chef de l'Etat et la société. Le couple n'est plus un espace d'intimité, mais une préoccupation de groupe. Il est clair que favoriser l'abstinence et la frustration est le meilleur moyen de conduire l'individu à enfreindre les règles, avec toutes les conséquences qui en découlent. La répression sexuelle est la marque de fabrique de toute dictature, qu'elle soit privée ou publique. Si la dictature arabe se voile la face et se cache sous un hidjab, la démocratie occidentale se dénude en se déhanchant et s'offre en spectacle, alimentant les fantasmes des uns et les frustrations des autres. Le meilleur moyen de garder le pouvoir sur la famille est d'empêcher ses enfants d'avoir des relations conjugales. Et pour le chef d'Etat, d'empêcher ses sujets de s'émanciper, de s'opposer à lui, de disposer d'une pensée critique et d'une liberté de mouvement. La sexualité imbibée de religiosité est un outil de contrôle puissant de la dictature. Les comportements des hommes politiques sont devenus infantiles. Le système les utilise comme des préservatifs, une fois qu'ils ont servi, il les jette dans la poubelle de l'histoire. N'est-il pas temps de s'indigner en voyant les dirigeants sacrifier les intérêts du pays et des générations futures ? Malheureusement, ils ne sont pas là pour les régler, mais pour les aggraver. Les dirigeants algériens ne se préoccupent pas de ce que va devenir l'Algérie dans 10 ou 20 ans, seul aujourd'hui les intéresse, ils veulent de l'argent facile pour boucler leur budget et se servir au passage, peu leur importe ce qu'il adviendra du pays dans 10 ou 20 ans, ils ne seront plus de ce monde. «Après nous le déluge», semble être leur credo. Plus les jeunes générations avancent en âge et plus les gens du troisième âge auront des difficultés à boucler leurs fins de mois. Il y va de l'intérêt des parents que leurs enfants devenus adultes aient un emploi, un revenu, se marient et fondent un foyer. Les jeunes mariés sans emploi sont stressés, déprimés ou honteux de ne pouvoir subvenir aux besoins de leur famille, et c'est la mort dans l'âme qu'ils se font entretenir par leurs épouses, ce qui se solde par des scènes de violence dont les enfants sont les victimes. Le patriarcat vit ses dernières heures de gloire. Cette frustration sociale et sexuelle des jeunes donne un sentiment de mépris et d'humiliation. La question de la sexualité est un enjeu majeur pour l'émancipation individuelle et collective. La misère psychique et sexuelle des jeunes entretient les régimes politiques en place. Un Etat autoritaire a besoin de sujets soumis. Pour ce faire, la répression sexuelle est un des vecteurs de la reproduction de l'ordre social dominant. Faut-il faire souffrir son corps pour sauver son âme ou vendre son âme au diable pour préserver son corps ? L'être humain est à fois âme et corps. Les deux ne font qu'un. Les deux unifiés qui vont dans la même direction, celle de Dieu. Les deux doivent être liés pour la vie et pour la mort. La femme n'est pas le sexe opposé, mais le complément de l'homme. La vie de couple n'est pas un ring, qui domine l'autre, mais qui complète l'autre, pour faire un, comme le veut le créateur. Nous sommes en vérité deux en un. Allah, qu'Il soit exalté, d'une créature il en fait deux. Une main droite ne peut se passer de la main gauche, comme un pied droit ne peut marcher sans le pied gauche. Séparer les deux c'est condamner la société à l'immobilisme, à l'impuissance et à la stérilité. Il suffit de se référer au monde des plantes, des animaux, qui n'ont pas besoin d'une autorité politique ou familiale pour se décupler. Ne nous enseigne-t-on pas que le mariage est la moitié de la religion ? La femme et l'homme ne font UN qu'en s'accouplant. Le mariage, comme union socialement reconnue, est un droit pour la femme, un devoir pour l'homme et une obligation pour la société musulmane. Le mariage est un vêtement pour l'homme et un drap pour la femme. Le refoulement sexuel produit des ressorts émotionnels et mentaux et de la soumission à l'autorité sous toutes ses formes, parentales, sociales ou politiques. Les relations de pouvoir entre le chef d'Etat et son peuple sont reflétées dans les liens entre le chef de famille et ses descendants. L'Etat autoritaire a un représentant dans chaque famille. Le père devient la ressource la plus importante de la préservation du régime politique. Se marier et avoir des enfants est un impératif individuel et social. Le droit au mariage ne se mendie pas, il s'arrache. Les jeunes, sans emploi, sans ressources, vivant sous le même toit que leur famille, entretiennent un rapport pénible avec leur corps, perçu dans leur imaginaire comme un lieu de dépérissement et non d'épanouissement. Le recul de l'âge du mariage engendre aussi des problèmes de stabilité dans la vie psychique et aggrave les tentations. La société occidentale, enfantée par la révolution sexuelle (préservatifs, pilules, avortements, etc., séparant le plaisir de la procréation accordant au couple le libre choix) a produit tellement de frustrations que l'équilibre psychique de l'individu a été affecté, dans un monde dominé par la vitesse, la violence et le virtuel. L'être humain a en lui-même toutes ses pulsions, il faut bien qu'elles s'expriment parce que s'il les garde en lui-même, il va être dévoré par le stress. L'instinct sexuel étouffe la raison. La force la plus puissante chez l'homme est sa sexualité. Et cela les gens du marketing politique ou commercial l'ont très bien compris. Les préoccupations sexuelles détournent la jeunesse des affaires politiques. La dépolitisation des jeunes fait l'affaire des gens du pouvoir. Une génération perdue dans un monde en crise. La sexualité des jeunes est un domaine éminemment politique, elle traduit un rapport de force dans la société. La sexualité des jeunes reste un des leviers de la domination politique de la société. Prise en otage entre les préceptes religieux et les exigences de la modernité, la jeunesse se trouve désemparée. La satisfaction sexuelle des jeunes adultes, dans un cadre moral organisé, libère les énergies, stimule la production et éveille les consciences. «Si l'âme n'est pas satisfaite sexuellement, elle se cabre, se refuse au travail, devient triste», disent les religieux. Les rapports sexuels et la filiation sont légitimés par le mariage qui vole en éclats en Occident par la séparation de la sexualité de ses effets de procréation, consacrant la liberté individuelle librement négociée de deux personnes consentantes quels que soient leur sexe, leur âge, et leurs origines. Mondialisation de la sexualité oblige ! Le mariage en terre d'islam est considéré comme le cadre légitime par excellence de fusion de sexualité et de la procréation. L'arabe, langue de l'islam, commence par la lettre «alif», un comme Adam, suivie par la lette «ba», comme Eve, l'une est debout et droite, l'autre est couchée et ronde. L'humanité s'est constituée à partir de ces deux êtres complémentaires et non opposés, comme nous le suggèrent les chuchotements diaboliques débouchant sur des divorces multiples et rapides, avec des retombées sur les enfants privés de parents et de toit, se retrouvant pratiquement dans la rue, livrés à la violence et à la perversion. Dieu unit, il est Un, le diable divise, il a plusieurs visages. Que font les familles musulmanes pour faciliter de telles unions légitimes et légales et contribuer à solidifier les relations conjugales de leurs enfants, afin que la jeunesse embrasse massivement l'islam ? D'autres courants religieux travaillent secrètement la jeunesse dans leurs propres intérêts et exploitent leur désarroi sans que les pouvoirs publics réagissent fermement et prennent des mesures salutaires. La société algérienne a quitté la famille traditionnelle rurale sans atteindre la famille nucléaire citadine et se retrouve dans la rue sans toit, sans foi, sans revenus et sans espoir. Que font les gardiens de la morale religieuse pour solutionner le drame des mères célibataires et l'avenir des enfants qui grandissent sans parents? Que fait le gouvernement pour lutter contre le chômage massif et durable des jeunes, dont le désespoir les mène vers la prostitution, la contrebande la drogue ou le suicide. La modernité se définit en Occident comme l'incertitude du lendemain. L'islam leur fournit la certitude de se retrouver demain devant leur créateur à qui ils doivent rendre des comptes. Que leur propose-t-on, la caserne ou l'exil ? Les deux sont contre-productifs. Aujourd'hui, le monde arabe sombre dans les ténèbres du Moyen âge chrétien de l'inquisition et de la chasteté, alors qu'il peut s'enorgueillir d'avoir fait sa révolution des mœurs il y a de cela plus de 14 siècles. La modernité a détruit l'institution du mariage comme cellule de base de la famille, pour forniquer et procréer dans des conditions d'hygiène et spirituelles impeccables. Avec l'influence des médias occidentaux sur la liberté et l'égalité des sexes, les Arabes semblent avoir un problème avec le corps de la femme. Habillée, elle les rassure (elle ne peut être que leur sœur, leur fille ou leur mère), nue elle leur fait peur (elle ne peut être que leur épouse), car elle leur révèle leur «impuissance» c'est-à-dire leurs faiblesses devant le «sexe fort» ou plutôt rendu fort par les médias occidentaux. Le marketing fait du corps de la femme un alibi pour tout vendre, y compris la religiosité... Que font les jeunes, sachant que «Tout homme est un tyran quand il bonde», «Gare au gorille», enchaînera Brassens. La longévité du célibat dans les pays arabes est un empêchement majeur à l'avènement d'une véritable société musulmane. La libération sexuelle des femmes en Occident mène au «mariage libre (homosexualité, lesbiennes)», l'emprisonnement des femmes en Orient conduit à la séparation des corps et du couple, entraînant des frustrations sexuelles suscitées par les médias occidentaux et non assouvies dans un cadre légal, débouchant sur des drames sociaux (prostitution, homosexualité, pédophilie etc.) Faut-il libérer le mariage ? Qui en garantira la solidité et la durabilité ? Que proposent les parlementaires pour lever cet obstacle ? Faut-il exciser les femmes et castrer les hommes ou bien effacer la trace des hommes par recours à la chirurgie, ou l'emploi de la sorcellerie pour réveiller les vieux démons ? Le drame des mères célibataires est là pour témoigner de l'urgence à prendre en charge ce phénomène et faire des propositions concrètes. «On ne peut cacher le soleil avec un tamis». Les dictatures arabes et musulmanes utilisent la sexualité comme arme pour contrôler les femmes et les jeunes et les empêcher d'atteindre la maturité et prétendre au pouvoir. Faut-il mettre fin au patriarcat qui domine dans le monde arabe ? Des dirigeants arabes qui confient leur corps aux soins de l'Occident et le salut de leur âme à Satan. La femme qui réussit dans sa vie de couple, dans le cadre d'un mariage, est celle qui a su garder le cœur d'un enfant, la tête d'un homme et le corps d'une femme. L'homme doit-il la «rabaisser» à son niveau pour la désirer, ou doit-il «l'élever» sur un piédestal pour l'adorer ? L'amour et la haine dorment dans le même lit. La guerre et la paix cohabitent dans le même palais. La vie d'ici-bas et la vie de l'Au-delà sont comme deux femmes rivales, si l'homme aime l'une, il déteste forcément l'autre. Le monde occidental a choisi, le monde arabe tergiverse… il veut les deux, il est polygame. Une polygamie qu'il ne peut ni assumer dans le respect du sacré, ni devoir la rejeter pour prétendre accéder à la modernité. Le monde arabe est schizophrène : d'une main, il signe un pacte avec le diable, et de l'autre, il prie Allah de lui venir en aide. Le monde arabe est dans un brouillard, un brouillard épais. La modernité l'éblouit, la tradition lui échappe. Il a perdu ses repères, il est égaré. Il s'est écarté du droit chemin. «Quand un aveugle touche un mur, il croit qu'il a atteint le bout du monde». Nous avons des yeux, mais nous ne voyons pas, nous avons des oreilles, mais nous n'entendons pas, nous avons un cerveau, mais ne nous en servons pas, nous avons un cœur, mais nous ne ressentons plus rien, nous disposons d'une carte, mais nous ne la consultons pas, nous avons un guide, mais nous ne le suivons pas. Nous fuyons la vérité et nous nous précipitons vers le mensonge. Le faux devient vrai et le vrai devient faux. L'humanité entre dans une phase la plus inattendue de son histoire, où l'homme méprise le bien et encourage le mal. Que de questions, mais peu de réponses, pour une société sans élite ou avec une élite sans dignité.
Par le Dr A. Boumezrag
1)- L'Occident a besoin de se fabriquer un ennemi pour exister. Hier, c'était le communisme, aujourd'hui c'est l'islamisme. Il a vaincu le péril jaune, triomphé du péril rouge, expulsé le péril vert. Demain, ce sera peut-être le péril noir, qui sait ? 2)- Des idéologies qui prônent de faire le bonheur de l'homme sur Terre. L'islam pur et dur promet le Paradis céleste dans l'Au-delà et considère la vie d'ici-bas comme un passage au cours duquel l'homme doit faire du bien, adorer son créateur qui pourvoit à ses besoins et à qui il rendra compte dans l'Au-delà. 3)- L'Arabe est insaisissable : d'un côté, il veut vivre dans la modernité sans fournir d'efforts physiques ou intellectuels, et de l'autre, il veut mourir dans l'islam sans obéir à Allah et suivre dans les actes et non par la parole son Envoyé (SAS). 4)- A. Boumezrag - Société sans élite ou élite sans dignité ? – El Watan du 24 février 2004.