Le président du parti Talaie El Hourriyet, Ali Benflis, ajourne sa position sur la présidentielle de 2019. «Nous aurons notre mot à dire concernant cette échéance. Nous l'exprimerons au moment opportun. Mais actuellement nous n'avons pas toutes les données», affirmait-il, lors d'un point de presse animé en marge des travaux de la cinquième session du comité central de sa formation, tenue hier à Alger. Selon lui, l'appel lancé, le 19 mars dernier, par le président Bouteflika à «une course au pouvoir sur la base de programmes», est un non-événement. «Nous n'avons pas commenté cette lettre attribuée au chef de l'Etat, car nous savons que l'objectif de ses auteurs est de divertir l'opinion nationale. C'est une perte de temps aussi. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir est-ce que l'Algérie vit une crise politique aiguë ? La réponse est oui et il y a un consensus autour de ce constat», explique-t-il. Pour Ali Benflis, la priorité, aujourd'hui, est de réfléchir aux voies et moyens de résoudre cette crise. Cela passe, dit-il, par «un retour à la souveraineté du peuple». «C'est au peuple de décider à qui il doit accorder la légitimité à tous les niveaux, national et local. Il faut alors aller vers une élection propre et honnête, en écartant l'appareil politique et administratif actuel qui sert plus le pouvoir que les intérêts du pays. Il est impératif d'installer une instance indépendante de gestion du processus électoral», lance-t-il. Le leader de Talaie El Hourriyet estime, dans la foulée, que le pouvoir «joue sur la diversion pour détourner l'attention des acteurs politiques et du citoyen d'une situation politique, économique et sociale délétère et dévier le débat politique sur l'échéance présidentielle, un hypothétique 5e mandat et d'autres questions périphériques». «A Talaie El Hourriyet, nous ne nous laisserons pas dévier de notre trajectoire. La priorité des priorités, c'est la solution à la crise ! C'est la raison pour laquelle je ne m'étendrai ni sur l'élection présidentielle, ni sur l'hypothétique 'cinquième mandat'. Le pouvoir a son agenda. Nous avons le nôtre», déclare-t-il dans son discours prononcé à l'ouverture des travaux de cette session. Selon lui, le pouvoir «s'affaire à baliser le chemin qui mène à 2019 en réduisant au silence toutes les voix discordantes, tous les avis divergents, en tentant de mettre au pas tout ce qui est perçu comme un obstacle potentiel». Brossant un tableau sombre de la situation générale du pays, Ali Benflis réitère son appel «à un sérieux dialogue» entre le pouvoir et les oppositions en vue de trouver une solution à la crise actuelle. «La recherche d'une solution consensuelle à la crise globale qui affecte notre pays est d'une urgence indiscutable. Et ce ne sont pas les initiatives d'acteurs politiques allant dans ce sens qui ont manqué. Le pouvoir devrait saisir la chance d'être en face d'une opposition responsable qui a opté pour une démarche pacifique, consensuelle, pour la sortie de crise», plaide-t-il. S'exprimant sur le rôle de l'armée, Ali Benflis estime que celle-ci pourrait accompagner la mise en œuvre de l'accord qui serait le fruit d'un dialogue entre les politiques, le pouvoir et l'opposition. «L'alternance est possible. Il faut continuer le combat pacifique pour la démocratie», soutient-il.