On vous le dit : c'est un pur bonheur d'avoir vu l'Algérien Zinedine Zidane, l'artiste du ballon rond au coeur d'or invité d'Etat dans son pays d'origine, la semaine passée - en compagnie de sa mère et son père - même si des voix mesquines de plumes parisiennes, relayées de pics éparses par certains commentaires de nos journaux, ont tenté d'y faire interpréter à la réduction une simple opération de marketing politique au bénéfice du chef de l'Etat algérien. L'événement frappe au cœur et à la raison, tout comme il a fait vibrer l'Algérien de retour. Il nous rappelle aussi comment des plumes approximatives, peuvent passer, à la répétition, très loin des réalités à traduire. Zidane, l'Algérie a besoin de sa suite de cœur et doit lui offrir toutes ses suites de cœur dans ce monde impitoyable. Une fois n'est pas coutume : permettez nous, amis lecteurs, de vous servir, en complément direct à cette réaction d'actualité, une deuxième fois notre papier de l'édition d'El Watan du 13 juillet dernier, juste après que Zizou a donné son fameux coup de boule. La chronique était intitulée « La tentation des trois L », pour se poursuivre comme suit. En face des vedettes - ou crypto vedettes – le reproche fait à des journalistes parisiens est de tour à tour les « lécher, lâcher et lyncher ». Cette tentation des « Trois L » dans la fabrication d'icônes déifiées, a refait surface de façon frappante depuis dimanche, avec le singulier coup de tête de Zidane en finale de la Coupe du monde de foot. L'industrie du spectacle a besoin de ça pour marcher. Les patrons et les vedettes des médias (consacrées en gourous) y trouvent leur compte. La qualité de l'information est reléguée à la marge. A Berlin, Zidane a peut-être donné aussi, en cible collatérale, un coup de tête à ce moule déformant des réalités, comme le montre son traitement journalistique dans le journal L'Equipe. Lundi, la bible quotidienne des sports a succombé au piège. Sans recul, sermonneur et méprisant, son éditorialiste, en première page, a joué au pouvoir du procureur s'adressant directement à Zidane. Une leçon d'instit acariâtre et carrée à son élève : « J'imagine qu'avant que vous ne commettiez ce geste irréparable, et difficilement pardonnable, qui a mis un terme à votre fabuleuse carrière, Materrazi a dû vous dire les pires horreurs. » L'éditorialiste continue de culpabiliser le sportif, en entrant par effraction dans son foyer : « Zinedine, je vous imagine très malheureux ce matin. Je suis certain que vous avez pensé qu'il va falloir expliquer ce coup de tête pour vos quatre garçons pour qui vous êtes tant … » Un suivisme d'une partie des confrères a commencé à pousser. Mais le lendemain, l'éditorialiste a dû se fendre d'un mea culpa : parce que les réalités, comme toujours sont plus complexes et ne peuvent être instruites et réduites d'un papier aussi sophistiqué soit-il. Entre temps, le président français lors de son déjeuner offert aux Bleus a gratifié le sportif – « Cher Zinedine Zidane » de « virtuose et d'homme de cœur ». Entre temps, la vox populi a vibré de son nom dans les rues ; un sondage lui a « pardonné à 61% de voix ». Ces vibrations doivent toucher Zidane pour vivre avec ses deux ailes de cœur et d'honneur. C'est ce monsieur qui est grand