Le haro des agents de contrôle sur les commerces qui ont fait une descente, hier, a eu pour première conséquence d'inciter la majorité des boulangers à se dérober à leurs obligations, en éteignant les fours et en baissant les rideaux. Livrant le consommateur à une pénurie de pain, puisque cette denrée est, soudain, devenue rare. A la surprise générale, et alors que rien ne le laissait présager, la baguette de pain a subitement augmenté d'un dinar et a affiché 8,50 DA à la vente au niveau des boulangeries, ce samedi matin à El Bayadh. La nouvelle qui sonnait comme le prélude à une agitation, avait vite fait de se répandre telle une traînée de poudre, à travers la ville. Eclipsant les sujets de préoccupation qui, habituellement, tiennent le haut du pavé à cette période de l'année ; notamment l'enlisement dû aux fortes précipitations qui ont marqué la dernière semaine, et les cours du marché à bestiaux qui menacent de surprendre les revenus moyens. Cette augmentation éclair a pris au dépourvu aussi bien le consommateur que l'union syndicale de la corporation et la direction du commerce qui s'est empressée de prendre les devants en déployant ses brigades mobiles pour le contrôle et la verbalisation des contrevenants. Les quelques artisans boulangers adeptes de cette hausse, dont les gérants de fonds de commerce réalisés par l'entremise d'une aide publique à l'emploi de jeunes, mûrissent depuis assez longtemps et de façon unilatérale cette majoration des prix de ce produit d'aussi large consommation. En s'appuyant sur le coût du quintal de farine à 2000 DA, et prétendant que le pain amélioré qui est servi aux clients nécessite des ingrédients aussi onéreux que le beurre, le lait et les œufs, les patrons boulangers s'estiment en conformité avec la réglementation, et se disent surpris par le tollé que soulèvent ces réajustements, somme toute justifiés, qui ont été introduits sur le prix du pain. La direction du commerce ne semble pas l'entendre de cette oreille et promet de saisir la justice pour sévir contre ceux qui se sont arrogé le droit d'empiéter la régulation des prix qui reste tributaire d'une décision gouvernementale.