Dans un point de presse, lors de la dernière de ses nombreuses interventions devant ses militants, Monsieur Ouyahia a affirmé : « Nous sommes tous des camelots ; à chacun de nous de convaincre le peuple de la qualité de sa marchandise » ! Il va plus loin, en demandant au camp « qui se réclame plus démocratique que tout le monde » de « mouiller un peu plus le maillot », tout en s'interrogeant sur le contenu de sa « camelote ». Bien triste et singulier qualificatif que de comparer un programme politique et les idées que l'on défend à de la camelote que l'on vend. Le peuple algérien déjà inondé et agressé par la camelote, hors de sa portée, de l'économie de bazar, mérite un peu plus de respect et de considération. Il est vrai que M. Ouyahia nous a habitués à user de qualificatifs des plus déroutants et des plus décapants. Cependant pour pouvoir vendre sur « le marché des camelots », leur camelote, les Démocrates demandent juste le respect de quelques conditions et quelques « petites choses » : Le droit de tenir leurs réunions, leurs meetings et leurs conférences sans que la salle leur soit refusée. Le dernier exemple en date, arbitraire et scandaleux, est le refus signifié au MDS, parti pourtant dûment agréé, pour tenir son congrès le 21 décembre 2006, sans qu'aucune explication soit donnée. Une petite part des larges moyens, prélevés sur le contribuable, mis à la disposition des partis aux ordres, alors que le camp démocrate survit, la plupart du temps, grâce aux cotisations de ses militants. L'ouverture des médias lourds qui demeurent la propriété exclusive du pouvoir et des « comités de soutien », entendant par là, partis, institutions, organisations, laudateurs et flagorneurs, courbant l'échine pour le partage de la rente et des miettes du pouvoir. L'ouverture de l'espace audiovisuel refusée à un pays considéré « immature » et « non préparé » à un tel progrès, à l'ère de la mondialisation et de la communication. L'instauration d'un débat contradictoire et d'un dialogue à tous les niveaux, en lieu et place de décisions autoritaires et de diktats sans appel. La fin du harcèlement soutenu contre les libertés d'expression, d'opinion et les libertés syndicales. La cessation des intimidations, menaces et mesures répressives contre de légitimes revendications sociales. L'agrément des partis et associations répondant aux critères constitutionnels, pour une vie politique authentiquement plurielle, à la place de l'actuelle mascarade pluraliste. Que le jeu démocratique devienne réalité et que disparaissent la démagogie, le populisme et les discours lénifiants et laudateurs à sens unique. Que les urnes cessent d'être bourrées et les résultats, ficelés à l'avance, à chaque échéance électorale ou référendaire. Que les institutions ne soient plus des caisses de résonance vides et des instruments croupions aux ordres d'un pouvoir sclérosé et anachronique. Au total, que prévale la transparence sur le flou et l'opacité. En attendant d'avoir ces quelques moyens pour écouler « leur camelote » – moyens primordiaux pour atteindre les objectifs de leurs luttes – les démocrates doivent continuer, tant bien que mal, contre vents et marées, mais en rangs serrés, « à mouiller leurs maillots », comme ils le peuvent, pour vendre et défendre les principes de liberté, de démocratie, de justice, de probité et surtout de... dignité. Alger, le 22 décembre Abdelhak Bererhi ; Azzedine Zerari ; Aït Amara Hamid ; Aït Mohamed Majïd ; Baghdadi Si Mohamed ; Chenounou Mohamed ; Mazouni Mustapha Que les démocrates qui se sentent interpellés par cette mise au point, la signent en envoyant leur message à l'adresse : [email protected]