L'avortement à risque et la violence à l'égard des femmes, thème nébuleux qui fâche ou qui passionne mais ne laisse pas indifférent. L'Association algérienne pour la planification familiale a concentré ses discours autour de ce thème avec comme principaux interlocuteurs des médecins ou des personnes activant au sein d'associations diverses. La violence à l'égard des femmes est un sujet qui ne tarit pas tant le phénomène prend de l'ampleur et peut toucher toutes les classes sociales confondues et toutes les tranches d'âge. Le sujet sur l'avortement à risque, donc illégal, a emballé l'assistance principalement féminine et le secteur médical. Sujet délicat et autour duquel la langue de bois persiste malgré la volonté flagrante de certains d'afficher clairement leur soutien à l'égard de praticiens qui pratiquaient de manière illégale les avortements. De l'avis du Dr Benachnou, il s'agit d'un avortement criminel. Pratiqué clandestinement, ces avortements mettent la vie de la femme en danger. « Il ne faut pas se leurrer. Il ne s'agit pas de filles de joie ou d'une catégorie particulière de femmes. Souvent celles qui se font avorter sont mariées et pratiquent l'avortement criminel avec le consentement de l'époux », déclare le médecin. Pr Chifour, endocrinologue à la retraite, s'indigne quelque peu de la relation que son confrère établit entre avortement criminel et violence à l'égard des femmes. Il ne s'agit pas d'avortement criminel mais d'avortement à risque. Elle ira plus loin puisque, selon elle, les médecins qui pratiquent clandestinement ces avortements ou plutôt qui maquillent un peu la réalité et font passer ces avortements comme thérapeutiques sont à féliciter. Sans eux, de nombreuses femmes seraient conduites à se faire avorter avec tous les risques que cela comporte et encourraient un grand danger. Une sage-femme interviendra pour critiquer les méthodes employées dans les centres de protection maternelle et infantile (PMI) qui auraient tendance à porter du discrédit sur les jeunes filles qui se présentent au centre. « La pilule contraceptive est gratuite dans ces centres et la loi stipule que les femmes de 15 à 49 ans sont autorisées à profiter des services des PMI. Sauf que beaucoup de personnes m'ont dit qu'il était exigé un livret de famille et des pièces d'identité lorsque les patientes sont jeunes », poursuit la sage-femme. Ces méthodes discriminatoires et dissuasive sont dangereuses dans la mesure où ces jeunes filles peuvent se retrouver enceintes et donc recourir à des avortements pratiqués dans des conditions hygiéniques déplorables. La prise en charge, selon l'ensemble des participants, est à revoir à tous les niveaux. Les secteurs médicaux mais également les structures judiciaires ne sont pas adaptés à certaines situations. « Lorsqu'une femme se présente à l'hôpital parce qu'elle s'est fait tabasser par son conjoint, très souvent la personne qui l'accueille n'est pas formée et peut la violenter "administrativement et psychologiquement" une seconde fois », dira Dr Benachnou. Parfois le personnel la convoque pour le lendemain, car le médecin légiste n'est pas là.