Officiellement, la publicité relève du marketing. On n'abordera donc pas ici son utilité économique ni ses travers relevés par les professionnels eux-mêmes, comme le suggérait le titre provocateur du livre de Séguela Ne dites pas à ma mère que je travaille dans la publicité, elle me croit pianiste dans un bordel. Mais la publicité est aussi liée aux valeurs et modèles culturels qu'elle se contente parfois d'utiliser mais qu'elle peut amplifier, voire créer. Les sociologues et sémiologues l'ont amplement démontré. C'est un théâtre de marché où évoluent les groupes, classes, tranches d'âge, comportements, goûts et tendances. Son influence culturelle est même plus forte que celle de la littérature ou des arts, du fait de sa diffusion massive et permanente. Le film le plus vu au monde ne peut aligner une audience aussi élevée que celle d'un spot de multinationale. Le développement récent de la publicité en Algérie n'est pas exempt de cette influence culturelle, d'autant que la production artistique y demeure limitée. Là-dedans, il y a à boire et à manger. Des publicités réalisées ailleurs pour des produits importés et que l'on se contente de doubler. Economies d'épiciers et erreurs de ciblage qui, au passage, empêchent les agences algériennes de se développer. Des publicités réalisées ailleurs pour des produits locaux avec des semblants d'Algérie et d'Algériens, un côté frelaté que les téléspectateurs sentent à la première seconde. Des publicités réalisées ici pour des produits d'ici mais avec des références culturelles d'ailleurs. Mais aussi des publicités intéressantes mettant en scène des types sociaux, des langages et des comportements sous-représentés, et en premier lieu ceux des jeunes qui, bien que démographiquement majoritaires, restent minoritaires dans le champ de la communication. Il y a aussi des aberrations criantes tel ce spot radio actuel d'une marque auto où un vendeur méprisant humilie un acheteur parlant mal le français et à la limite de l'idiotie ! Là, on est dans la contre-pub et, outre la maladresse commerciale, dans la déliquescence culturelle. Que nous n'ayons plus le plaisir de courir après un bidon d'huile comme nous le faisions naguère est une chose. Mais que notre image soit frite dans la grande poêle de la pub en est une autre. Méchamment culturelle.