Le gouvernement italien, qui avait mis en garde contre l'exécution de l'ancien président irakien Saddam Hussein, n'a pu que condamner la mise à mort de ce dernier. Même réaction de la part des responsables du Vatican qui ont qualifié de « nouvelle tragique » la pendaison de Saddam. Les Italiens, gouvernement et société civile, sont farouchement hostiles à la peine capitale que leur Constitution a bannie dès 1947, et la froide exécution de Saddam, qu'ils considéraient dans leur ensemble, comme « un sanguinaire dictateur » ne les a pas laissés indifférents. Ce fut d'abord le président du Conseil italien, Romano Prodi, à réagir en réitérant son opposition à la condamnation à mort et se disant « préoccupé » pour l'avenir de l'Irak. Ensuite, ce fut le chef de l'Etat, Giorgio Napoletano, qui s'est fait « l'interprète de tous les Italiens en rejetant la peine de mort au nom des valeurs morales ». La presse écrite italienne a rapporté l'information en première page et certains éditorialistes, sans être connus pour être des critiques invétérés de la politique américaine au Moyen-Orient, comme Franco Venturini du Corriere Della Sera, ont eu l'honnêteté intellectuelle de se scandaliser d'une telle démarche. « Une désagréable impression de l'énième "justice des vainqueurs", encore plus désagréable et paradoxale parce que les "vainqueurs" n'ont pas vaincu », écrit Venturini. Les grands médias, par contre, ont donné la parole aux habituels irritants « experts du monde arabe », dont le plus exalté, anti-arabe et islamophobe, Carlo Panella, qui fait ses apparitions tonitruantes et payantes sur les télévisions italiennes pour faire l'apologie de la politique du gouvernement israélien et fustiger tout ce qui touche de près ou de loin la culture arabe et la religion musulmane. Sans demi-mots, Panella a applaudi la mise à mort de Saddam, qu'il a considéré comme un exemple à servir à tous les dictateurs arabes. S'en prenant au président Ahmadinejad, il lui a souhaité la même fin, car selon lui « tous les Arabes veulent exterminer les juifs jusqu'au dernier d'entre eux ». L'« expert » a considéré que « de toute façon tous les pays arabes appliquent la peine de mort », l'air de dire que cela ne doit pas choquer l'opinion publique arabe. Déclaration que le sénateur du parti de la Marghérite, d'origine algérienne, Khaled Fouad Allam, a appuyé affirmant, « c'est vrai, tous les pays arabes appliquent la peine capitale ». Fouad Allam non seulement n'a pas jugé opportun de répondre aux thèses démentielles de Panella, mais en plus il a apporté de l'eau à son moulin qui moud rancœur et haine des Arabes et des musulmans. Fouad Allam doit s'ajourner et savoir que plusieurs pays arabes, dont l'Algérie, n'appliquent plus de fait la peine capitale, car ils n'ont pas procédé à une seule exécution des condamnés depuis des années (1993 pour l'Algérie) et qu'un véritable débat pour un moratoire contre la peine de mort fait du chemin au sein des sociétés civiles arabes et musulmanes. Mais en rusé opportuniste, Fouad Allam sait que pour faire carrière en Italie, surtout en politique, la règle numéro un est celle de ne jamais « paraître défendre les Arabes et les musulmans ». Un autre « expert » du terrorisme islamiste, ancien magistrat devenu célèbre pour avoir démantelé de fausses cellules terroristes et envoyé en prison de pauvres innocents coupables d'être d'origine maghrébine, Stefano Dambruoso (actuellement consultant pour l'ONU), a estimé, durant la même émission diffusée par la Rai, que « Saddam a eu un procès juste et a pu parfaitement se défendre ». Affirmation qui laisse pantois quand on sait que n'importe quel juriste qui se respecte considère le procès qui a mené Saddam à la pendaison une parodie américaine de mauvais goût. Rome De notre correspondante