Entre approbation, réaction mesurée et condamnation, la mort par pendaison de l'ex-président irakien n'a pas laissé le monde indifférent. Bien entendu les Etats-Unis et Israël figurent au premier rang de ceux qui ont applaudi carrément cette exécution pour être ses principaux instigateurs. Les pays européens dans leur ensemble ont pris acte de cette pendaison tout en renouvelant leur opposition à la peine de mort. Seule la Grande-Bretagne a montré un peu de satisfaction en lâchant cette phrase : “Il a payé”. La mort de Saddam Hussein est “une étape importante sur la route de l'Irak vers une démocratie qui peut se gouverner, être autosuffisante et se défendre, et être un allié dans la guerre contre la terreur”, a déclaré le président George W. Bush, rejoint par le premier ministre israélien qui a rappelé que l'homme constituait une menace pour Israël et que “rétroactivement, justice a été faite”. L'alliée de toujours des Américains, la Grande-Bretagne, à travers son ministre des Affaires étrangères, Margaret Beckett, a réaffirmé l'opposition de son pays à la peine de mort, ajoutant toutefois que le gouvernement britannique respecte le choix des autorités irakiennes. C'est le cas également, du Japon, de l'Australie et de la France officielle qui se contente de prendre acte de cette exécution qui en revanche provoque chez la candidate socialiste à la présidence française Ségolène Royal un “profond sentiment de dégoût”. Même réaction timide de la part de Berlin qui déclare respecter le jugement. L'UE dont la Charte des droits fondamentaux rejettent le principe de la condamnation à mort, réagit à cette nouvelle de manière divisée. Si la Commissaire européenne aux relations extérieures, Benita ferrero-Waldner, a estimé que “la mort de Saddam clos un long et douloureux chapitre de l'histoire de l'Irak”, le porte-parole de Xavier Solana, le Haut représentant pour la politique extérieure et la sécurité commune de l'UE a condamné lui, les crimes commis par Saddam et aussi la peine de mort tout en justifiant la sentence par une nécessité d'instaurer une justice. Quant au secrétaire général du Conseil de l'Europe, Terry Davis, il considère que Saddam “était un criminel impitoyable”, mais il “ne fallait pas le tuer”, et qu'en le faisant, “l'Irak avait manqué l'occasion de rejoindre le monde civilisé”. Même son de cloche chez la présidence finlandaise de l'Union européenne qui a condamné l'exécution de Saddam Hussein, rappelant que l'UE “a toujours été contre le recours à la peine de mort”. Pour la Finlande, la Russie et l'Italie, cette sentence est porteuse de division et pourrait accroître les tensions en Irak. À Rome, on ajoute, que c'est une “erreur politique et historique qui n'aidera pas l'Irak à tourner la page”. C'est une “nouvelle tragique” a estimé de son côté le porte-parole du Vatican, qui a fermement condamné la mise à mort de l'ancien dictateur en ce qu'elle violait la loi divine et risquait d'alimenter la vengeance. L'Espagne, qui a lancé un appel la veille à préserver la vie de l'ex-président irakien, regrette aussi la pendaison de Saddam par le biais de José Luis Rodriguez Zapatero qui s'était déclaré opposé vendredi à la peine de mort pour Saddam Hussein, même si, avait-il précisé, “tous les dictateurs doivent répondre de leurs actions”. Le responsable de Human Rights Watch, Richard Dicker considère que les actes de Saddam “aussi brutaux soient-ils, ne peuvent justifier son exécution, une punition cruelle et inhumaine”. De Londres, Amnesty International déplore cette pendaison, soulignant que cette “issue représentait une occasion manquée de contraindre l'ancien dictateur à rendre compte de ses crimes”. Enfin, la Fédération internationale des droits de l'homme, emprunte un ton plus virulent en précisant que “au-delà de cette condamnation absolue de la peine de mort, l'exécution hâtive de Saddam Hussein prive les Irakiens et le monde entier d'un procès global qui aurait permis de mettre en lumière les complicités occidentales dont il a bénéficié”, soutient Patrick Baudouin , président d'honneur de cette organisation. N. H.