Chouikh Lakhdar est un militant écologique « vert » de la première heure. S'investissant corps et âme dans tout ce qui touche à l'environnement dans la région, il nous explique comment et pourquoi a-t-il choisi de militer pour une culture environnementale dans une ville absorbée par le béton. Quel constat faites vous aujourd'hui, après 30 ans d'expérience capitalisée en tant que militant « vert », comme vous vous définissez dans une ville où il ne fait plus bon vivre comme jadis ? Chouikh Lakhdar : J'ai été toujours et depuis longtemps, vous n' êtes pas sans l'ignorer, le fer de lance pour « un environnement sain à Tiaret ». La ville, au début des années soixante, avait connu une vitalité remarquable de par les nombreuses campagnes de plantation. Sur les hauteurs de la ville, tout autour de la forêt sub-urbaine, dite les « pins », il y avait de magnifiques arbres et des espaces de loisirs et de divertissement, devenus avec le temps le lieu de prédilection pour humer le bon air et se reposer. Avec l'avancée du béton, le braconnage et le laxisme ont malheureusement eu raison des lieux. Pour y remédier, j'ai proposé tant officiellement, en aparté que sur les ondes de « Radio Tiaret », alors que j'animais l'émission « Rokn El Akhda », un plan pour faire de cette forêt un lieu où se développeront faune et flore et redonner à Tiaret son lustre d'antan. Le travail porté sur l'environnement, qui devrait être mené de concert avec les collectivités locales, l'université et le mouvement associatif local, implique l'investissement du citoyen mais aussi des pouvoirs publics qui doivent opérer une rupture avec les méthodes jusque là désuètes, pour inverser la tendance. Au delà de la sensibilisation des citoyens sur l'impact écologique, on devrait, dans le cadre de l'aménagement et de la requalification urbaine, penser à injecter de grands parcs et de jardins. Vous conviendrez que mis à part ceux hérités de l'époque coloniale, il ne subsiste en ville que peu d'espaces verts, bien que le plus souvent inclus dans les POS et le schéma directeur d'aménagement du territoire. C'est beau de planter des arbres mais penser à leur entretien c'est encore mieux. Nos APC ne disposent pas, hélas, de services appropriés pour effectuer un travail qui demande doigté, sérieux et abnégation. Tout n'est pas noir, loin s'en faut, à voir ces bons exemples qu'il faudrait multiplier comme la plantation réussie au boulevard de « l'avenir ». Pour tout dire, le mouvement associatif à qui j'appartiens s'est beaucoup investi ces derniers temps pour dénoncer les dépassements et proposer des alternatives.