La proposition faite, jeudi dernier, par le chef du gouvernement et secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, concernant la possibilité d'organiser les deux échéances électorales, les législatives et les locales, au même moment, ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique. Si le mouvement El Islah n'y voit aucun inconvénient, le FNA, le FFS et le PT insistent sur le respect du calendrier électoral, alors que le MSP, le RND et le RCD ne veulent pas se prononcer et attendent à ce que cette décision soit officielle. Pour Lakhdar Benkhellaf, député d'El Islah à l'APN, le regroupement des deux élections est possible. « Cela s'est fait dans plusieurs pays. Il y a trois variantes : la première consiste à jumeler les locales et les législatives ; la deuxième c'est d'organiser les législatives et le référendum sur la révision constitutionnelle le même jour. Et la troisième éventualité porte sur le regroupement des locales et du référendum sur la révision de la Constitution », a-t-il déclaré. Le problème qui se pose, a-t-il ajouté, n'est pas dans le regroupement des élections, mais dans l'organisation d'élections libres et transparentes. « Nous demandons également la révision du corps électoral avec l'assainissement des listes des électeurs au niveau des APC. Nous pensons que les listes électorales sont dopées et il faut qu'elles soient revues. L'autre problème qui fausse les élections est la surveillance du déroulement du scrutin », a souligné notre interlocuteur. Le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, estime pour sa part que la suggestion du patron du FLN est inacceptable. Selon lui, « le calendrier électoral doit être respecté et les partis politiques doivent être consultés avant de prendre la décision de chambouler ce calendrier ». Le FLN, a précisé Moussa Touati, s'installe dans une logique tendant à accaparer tous les pouvoirs en narguant les partis composant la carte politique nationale. « Ce que fait le FLN est une insulte pour les autres formations politiques. Belkhadem est passé, par cette proposition, à côté de la plaque », a-t-il jugé. De son côté, le FFS a profité de cette sortie du chef du gouvernement pour soulever, encore une fois, « l'absence d'une vision sérieuse dans la gestion des affaires du pays ». A cette insuffisance, a enchaîné Karim Tabbou, chargé de communication du FFS, s'ajoute une volonté de réduire l'exercice de la politique à un passage forcé dans le moule électoral. « Pourtant, l'expérience des institutions dans le pays a prouvé que le vrai pouvoir s'exerce en dehors de toutes ces institutions qui ne servent que de façade. Les vrais détenteurs du pouvoir sont les seuls architectes de la vie institutionnelle du pays, d'où cette imprécision dans la tenue des échéances. Celles-ci sont réservées exclusivement au cabinet des décideurs », a-t-il indiqué en insistant sur la nécessité de restituer aux Algériens leur droit à l'exercice de leurs libertés. Le Parti des travailleurs (PT) ne veut pas commenter les déclarations d'un chef du parti, d'autant qu'elles n'engagent pas le gouvernement. Mais, selon Ramdan Taâzibt, député du PT à l'APN, « sur le plan du principe, le calendrier doit être respecté ». D'autres partis, comme le RCD, ne jugent pas utile de commenter les déclarations de Belkhadem qui, a précisé Mohcen Belabes, chargé de communication du parti, « a toujours été démenti par le chef de l'Etat et ses collègues du gouvernement ». A noter que le MSP et le RND n'ont pas voulu s'exprimer sur le sujet.