La prorogation jusqu'au 31 janvier des délais de contrôle technique accordés aux propriétaires des véhicules de 5 à 9 ans d'âge a provoqué une ruée des automobilistes vers les agences agréées. Les peines auxquelles s'exposent ces automobilistes en ont dissuadé plus d'un. A l'agence de la Cota de Rouiba, où une immense queue est perceptible sur quelque 2 km, les retardataires ne cachent pas leur ressentiment. « C'est catastrophique. Comment qualifier autrement cette mascarade décidée par des responsables restés derrière leur bureau ? » J'ai été obligé de me lever tôt pour prendre place parmi des centaines de candidats. Il y en a d'ailleurs qui se trouvaient là depuis 22h », s'insurge un automobiliste venu de Réghaïa. Même les personnes âgées sont de la partie. Se trouvant sur l'aire de stationnement de la Cota, qui peut contenir quelque 100 véhicules, Mme Azam, une septuagénaire, venue des Sources est arrivée à Rouiba avec son mari à 5 h du matin. Elle s'insurge contre le fait que les agents de contrôle n'ont pas respecté son âge et ne l'ont pas laissée « passer très tôt » étant donné qu'elle a oublié à la maison son médicament. Rappelant par certains aspects les queues perceptibles aux alentours de certains consulats des représentations étrangères, « des jeunes proposent leurs services contre une rétribution conséquente », certifie un jeune homme. D'aucuns parmi ces retardataires rencontrés récusent la méthode mise en place par les services du ministère des Transports. A les croire, la médiatisation de l'événement n'a pas été à la hauteur et les sanctions proposées qu'il s'agisse de l'amende pouvant atteindre 5000 DA ou encore de la peine d'emprisonnement d'une durée de deux à six mois sont « burlesques ». D'autres automobilistes plus mesurés s'y font avec retenue. Pour eux, le contrôle reste nécessaire eu égard au nombre d'accidents de la circulation qui épongent pas moins de 1.5% du PNB, soit environ 65 milliards de dinars. Les véhicules neufs concernés Autre mesure n'ayant pas manqué de faire grincer les dents de certains, le contrôle technique est devenu également obligatoire pour les véhicules nouvellement acquis. « Nous avons envoyé une correspondance à l'Entreprise nationale de contrôle technique de véhicules (Encta) qui nous a indiqué qu'aucune dispense n'est prévue pour les véhicules mis en circulation depuis moins de 6 mois », assure Messadi Brahim, directeur d'exploitation à la Cota sans plus de précisions. « Il suffit d'inscrire d'ailleurs sa voiture achetée chez un concessionnaire pour qu'elle tombe sous le coup de cette loi. Cela représente la cinquième et dernière étape dans le contrôle de l'ensemble du parc automobile de plus de 3 millions de voitures », atteste-t-il, en affirmant que ces véhicules seront contrôlés du 1er janvier au 31 mars. A la différence des quelques dizaines d'agences de contrôle dans la capitale, la Cota, un EPE qui fait partie d'un réseau national de 22 agences réparties sur 17 wilayas, n'exige pas un quota limité. Aussi, les responsables se sont trouvés dans l'obligation de faire appel carrément aux gendarmes tellement l'affluence a été grande avant l'expiration du premier délai, le 31 décembre 2006. Après le contrôle de la concordance des numéros de série et d'immatriculation portés sur le véhicule avec la carte grise, le propriétaire du véhicule est dirigé en cas d'anomalies vers le service des mines du ministère des Transports. « Après les vérifications d'usage, qui durent pas moins de 30 minutes, un procès-verbal de contrôle est remis à l'automobiliste », assure M. Messadi, qui indique que l'agence de Rouiba a renforcé ses effectifs en se dotant de deux équipes de deux techniciens contrôleurs qui se relaient durant la journée.Les chiffres de la Cota font apparaître un rush de véhicules, perceptible surtout les 23 et 24 décembre 2006. 2785 véhicules légers ont été ainsi contrôlés dans la seule agence d'Alger, durant ce mois, soit une augmentation de plus de 30% par rapport aux mois précédents. « Depuis le début du mois de janvier, pas moins de 300 véhicules sont passés chaque jour au scanner », insiste Djamel Karim, chef de service exploitation réseau, qui affirme que les portes de l'agence s'ouvrent à 8h pour fermer avec le dernier client, soit vers 20h. Les anomalies auxquelles ont affaire les techniciens de la Cota ont trait pour 70% au système de freinage, requérant ainsi une immobilisation et une mise en fourrière des véhicules. Les contre-visites touchent les autres anomalies liées au gaz et à l'éclairage essentiellement. Existant bien avant le décret exécutif n° 03-223 du 10 juin 2003, qui a organisé les différents segments, le contrôle touche les 3.5 millions de véhicules en circulation. 800 000 ont été contrôlés à la date du 31 décembre 2006. 114 224 véhicules ont été immobilisés depuis février 2003, a assuré Leghereib, directeur de l'Enacta.