Quelque 260 commerçants venus d'Europe, d'Amérique, d'Australie et du Japon ont assisté à Carthagènes, dans la région de Saritender au nord-est de la Colombie, à la vente aux enchères des prochaines récoltes ou ramassage de fourmis appelées « hormigas culonas ». Pour en savoir plus sur ce nouveau mets exotique qui fait courir les gastronomes du monde, il y a lieu de préciser que ces fourmis ne se trouvent que dans la seule région de Santander, empire du grand peuple indien guane qui les consomme depuis plus de cinq siècles. Ces fourmis, dont le nom scientifique est Atta Laevigada, sortent de leurs trous après les pluies des mois d'avril et de mai, soit seulement deux à trois fois par an. Elles sont voraces et leur ramassage se fait en utilisant des gants, d'épais pantalons et des bottes. Elles sont ainsi mises vivantes dans des sachets. Si la population guane a choisi cet insecte comme aliment de base, c'est parce qu'il contient des œufs, de l'huile et des protéines et aussi pour son pouvoir aphrodisiaque et sa vitalité à prolonger la vie. Les gastronomes qui l'ont inclu dans leur menu disent qu'en plus d'être aphrodisiaque, il est très nutritif. Pour leur préparation, Cecilia Saridra Serrano, avocate de profession et résidente à Bucaramanga, affirme que ces fourmis comparables à du poulet ou du poisson sont cuisinées de 40 façons différentes. Elle ajoutera : « Leur odeur est très agréable et leur goût délicieux d'une saveur extraordinaire. » Cecilia explique sa manière de procéder à la cuisson de ce plat exquis : « après avoir enlevé les pattes, les ailes et les têtes aux fourmis, on les lave et puis on les met à cuire avec un peu d'eau et une pincée de sel. Quand l'eau s'évapore, les fourmis lâchent leurs huiles et elles commencent à frire. » Quant aux nombreux touristes qui arrivent à Bogota ou Bucaramanga, la première réaction est d'acheter ces fourmis déjà préparées et vendues dans des sachets ; ils les consomment comme des chips. C'est comme chez nous, la première idée qui vient au touriste est de manger un bon plat de couscous. Pour ce qui est des prix, les hormigas culonas sont un véritable commerce. Pour une livre de ces insectes vivants, on peut déboursser 5 à 20 dollars US selon le lieu où on se trouve. A l'aéroport d'El Dorado de Bogata, la livre coûte jusqu'à 30 dollars. Enfin, face à cet engouement gastronomique international de ce nouvel apport énergétique alimentaire, des experts de la protection de la nature assurent que, faute de contrôles, la situation devient alarmante et l'espèce de la fourmi culona est en danger de disparition.