Mohamed Maghlaoui, ministre des Transports, a reconnu, samedi, au forum de la Télévision algérienne, que « le secteur a connu un retard qui a influé négativement sur la qualité de service par manque de moyens et d'infrastructures mais aussi parce que cela est dû aussi au mode de gestion administrée ». L'Etat a décidé de mettre de l'ordre en allouant aux grands projets un budget de 1000 milliards de dinars. Le développement du secteur se fera grâce au plan lancé depuis 2001 et au programme de soutien à la croissance (2005-2009), complété par les plans de développement des Hauts-Plateaux et du Sud. Les axes de développement s'articulent autour du chemin de fer qui a bénéficié d'une enveloppe de 637 milliards de dinars consacrée à la réalisation de 1960 km de nouvelles lignes dont 1007 km sont en cours de réalisation et 953 km sont programmés pour cette année. En 2007, 427 km seront réceptionnés et mis en service et 580 km en 2008. Le reste des lignes sera livré en 2009. L'électrification de la rocade nord des chemins de fer, la modernisation et le doublement des voies permettront d'améliorer les prestations de services et écourter la durée des trajets. Un projet d'électrification et de développement des services de transport ferroviaire de voyageurs de la banlieue d'Alger a été lancé et vise à faire jouer à ce mode de transport un rôle beaucoup plus important dans la satisfaction des besoins de déplacement (environ 60 millions de voyageurs en 2009). Concernant le projet du métro d'Alger, la première ligne reliant la Grande-Poste à la cité Haï El Badr sera mise en exploitation à la fin de l'année 2008 et sera prolongée, à l'ouest, en direction de la place des Martyrs et, à l'est, en direction d'E Harrach. A propos de la compagnie nationale Air Algérie, M. Maghlaoui a souligné, sans la moindre équivoque, qu'elle est « loin d'être en faillite », puisqu'elle a réalisé des bénéfices en 2006 et également durant les exercices précédents (2004 et 2005). « Le seul problème pour cette compagnie qui a rajeuni sa flotte (3,5 ans de moyenne d'âge) est qu'elle n'arrive pas à offrir des prestations de services de qualité comme le font les autres compagnies internationales », a déploré le ministre. La compagnie, a-t-il relevé, a un effectif pléthorique estimé à 2400 employés dont le départ pourrait être négocié avec le syndicat. Affrontant une concurrence de plus en plus directe sur les lignes internationales, elle ne peut plus se permettre d'avoir du plomb dans les ailes. Concernant les retards, principal grief reproché à la compagnie nationale par les passagers, le ministre a affirmé que la moyenne de succession des vols, selon l'IATA, est de 80% (décollage à l'heure prévue ou moins de 15 minutes de l'horaire prévu). Le taux de ponctualité d'Air Algérie « est de 68% ». Les retards de vols sont imputés, selon ses explications, à des facteurs exogènes tels que les procédures administratives à l'aéroport (20%), la maintenance (20%) ou l'arrivée tardive de l'équipage pour diverses raisons (20%). Le constat est fait et il existe un programme de travail pour réduire ces retards. Excluant toute ouverture du secteur du transport aérien des lignes intérieures, du moins dans l'immédiat, au capital privé, Maghlaoui affirme que « l'heure est à la réorganisation d'Air Algérie et de Tassili Airlines. Jusqu'à 2009, Air Algérie gardera le monopole. Quant aux lignes internationales, le ciel est ouvert, la dernière compagnie qui va rallier l'aéroport d'Alger est Iberia, nous avons ainsi 14 compagnies qui desservent Alger et le marché est ouvert concernant le transport aérien extérieur. Ce temps permettra aussi à Tassili Airlines d'être prête : elle est sur le point d'acquérir quatre avions pour faciliter le transport des citoyens ». Concernant les 160 pilotes algériens formés par Khalifa Airways à Oxford (Royaume-Uni) et qui ont poursuivi leur cursus à l'académie de l'Aviation royale de Jordanie, le ministre des Transports a rappelé que « l'Algérie a déboursé 16 millions d'euros pour leur permettre de terminer leurs études alors que ce n'était pas son rôle. Ils savaient tous que le ministère n'allait pas leur garantir un poste de travail à la fin des études. Une cinquantaine ont été recrutés par Air Algérie, un vingtaine a été employée dans des compagnies qui travaillent dans le Sud. Nous avons accueilli un collectif et on leur a dit qu'on ne peut pas demander à Air Algérie, qui a 2400 travailleurs en plus, de vous intégrer, mais on a un espoir car dans le futur (2 à 4 ans), le transport aérien va progresser et des compagnies en auront besoin. Tassili Airlines a contacté quelques-uns et ils pourront y travailler ». Le transport maritime se porte bien. L'Entmv a 60 % de parts du marché sur les lignes Alger-Marseille et Alger-Alicante. Il a exclu l'option du cabotage et le transport maritime à l'intérieur du pays. Concernant le désordre du transport urbain, il a demandé aux citoyens « de nous aider par le signalement des dépassements ». Il y a plus de 65 000 opérateurs dans le transport, plus de 60 000 taxis, plus de 100 000 camions : au total, plus de 200 000 opérateurs et le ministère ne peut quotidiennement contrôler tout ce beau monde...