En dépit des assurances répétées des pouvoirs publics, la crise du logement perdure toujours. Elle est de ces problèmes qui rendent malaisée la gestion de la cité. Les citoyens ne semblent pas sortir des méandres qu'impose la recherche de ce précieux logis qui les fuit à chaque fois. D'ailleurs, il ne se passe pas un jour sans que les pages locales des quotidiens fassent étalage des désapprobations des citoyens lésés par l'administration. Ils s'en remettent à la presse dans le but de faire entendre leur voix, laquelle, s'insurgent-ils, n'est guère audible chez les pouvoirs publics. Ceux-ci, de leur côté, font toujours ressortir la vieille antienne : des constructions sortent de terre et tout un chacun aura sa part. Ils lancent des piques assassines au wali d'Alger qui n'a pas, à les entendre, de la suite dans les idées. Ils s'insurgent contre le fait que les occupants des bidonvilles sont relogés, alors que des candidats n'y ont pas droit bien qu'ils aient épargné leur argent durant des années. La presse abonde d'exemples édifiants qui nous renseignent sur la légèreté des pouvoirs publics. Des familles de deux membres sont destinées vers des F4 alors que celles plus nombreuses sont casées dans des cagibis. Des familles du centre de transit d'El Harrach n'ont, semble-t-il, pas été dans l'agenda des responsables et celles relogées n'ont pas trouvé les commodités nécessaires. Comble de l'ironie, le wali délégué d'une autre circonscription, ayant supervisé une opération de relogement n'a pas manqué, dans une boutade qui n'a fait rire que lui, d'admonester les « heureux bénéficiaires ». « Vous devez remercier le ciel d'avoir trouvé ces logements. Cessez de vous lamenter », leur a-t-il lancé tout fier. Les propos dans la bouche d'un responsable aussi bien placé sont d'un cynisme qui feraient tourner Machiavel dans sa tombe. Aussi, la distribution des LSP à Hydra est également symptomatique de la gestion superficielle de ce dossier à tout le moins délicat. D'ailleurs, c'est la première fois que des LSP sont prévus dans cette commune mais ce sont les sinistrés — terme galvaudé de nos jours — qui, dit-on, vont en bénéficier comme cela fut le cas en 2001. « Plus sinistrés que nous, y en a pas », s'indignent les postulants à cette formule. Ces citoyens, habitant dans les « poches misérables » de ce quartier huppé, doivent visiblement changer de localité pour se voir accorder un logement.