Quelque 106 familles habitent toujours dans l'enceinte du cimetière d'El Alia. Cette situation, qui perdure depuis plus d'une décennie, ne semble pas près de connaître son épilogue. Des gens ayant construit des résidences font bon ménage avec les morts et aucun ne semble s'en inquiéter. D'ailleurs, aucun n'ignore qu'à quelques encablures de ce capharnaüm humain se trouve le Carré des martyrs qui accueille le repos éternel des héros de la Révolution. Occupant la zone 4 — El Alia en compte 4 —, les familles, réparties sur un espace de 7 ha, estiment être dans leur bon droit. Elles assurent être en possession de décisions d'attribution de lots de terrain à bâtir, signées par l'APC de Oued Smar et aucune autorité ne peut, selon elles, les en déloger. Cette situation en étonne plus d'un, d'autant plus que les espaces font défaut dans la capitale. Selon M. Djakhnoun, directeur de l'Entreprise de la gestion des pompes funèbres (EGPFC), 6000 morts en moyenne ont été enregistrés l'année dernière. Quelque 139 familles dont deux se trouvent dans l'enceinte du cimetière chrétien de Bologhine et deux autres à Sidi M'hamed « ont choisi » la proximité des tombes. Le législateur, assure M. Djakhnoun, n'a pas manqué pourtant de réglementer cet aspect. L'ordonnance n°75-79 du 15 décembre 1975 relative aux sépultures stipule en son article 3 que « toute construction d'habitation, tout creusement de puits à moins de 35 m de distance des cimetières sont interdits ». Le responsable de l'EGPFC qui a hérité de cette situation ubuesque nous en fait la genèse. A en croire M. Djakhnoun, 8 fossoyeurs, tous originaires de l'intérieur du pays, ont pris pied à El Alia dans les années 1980. Pour éviter les incessants allers-retours, le Comité populaire de la ville d'Alger (CPVA) leur a fait construire dans l'enceinte de ce cimetière un dortoir. Néanmoins, ces employés n'ont pas tardé à faire venir leurs familles. A ces travailleurs de l'ex-CPVA, se sont greffées les familles bénéficiaires de lots de terrain à bâtir. Des actions en justice ont été intentées par la wilaya contre l'APC de Oued Smar qui leur a attribué ces terrains et une ordonnance du tribunal administratif donnera raison à l'administration de tutelle. Mais cela n'a pas empêché la situation de perdurer eu égard à la période que le pays a vécue. Les services de la commune de Oued Smar ont continué d'attribuer des lots faisant fi de la décision de justice. Un recensement des occupants a été réalisé en 2000. Deux ans plus tard, des fiches de renseignements ont été élaborées par l'EGPFC avant d'être remises l'année d'après aux services de la wilaya. Depuis, rien n'est venu assainir cette situation qui se trouve en contradiction avec les lois et les mœurs. Toutefois, le directeur reconnaît qu'étant donné que ces familles ne sont pas là de « gaieté de cœur », des solutions plus souples semblent avoir les faveurs des autorités. Les familles, n'ayant pas bénéficié de lots de terrain ou de logements, à croire le directeur, bénéficieront de l'indulgence des autorités. Le directeur rappellera, que le cimetière, initialement de 120 ha n'a pas été délimité à ses débuts. Il s'est rétréci de quelque 30 ha. Les raisons en sont multiples. Le CPVA, « en connaissance de cause », a procédé à son morcellement et ce pour la construction de 532 logements, la création d'un cimetière ibadhite et l'édification du siège de l'Epic Edeval. Une opération de réaménagement va toucher fin janvier le cimetière, atteste notre vis-à-vis. Une enveloppe, émargée sur le budget supplémentaire adopté fin 2006 par l'APW, d'un montant de 52 millions de dinars est allouée à la première tranche qui touchera les zones 1 et 2. Par ailleurs, contactée, l'APC semble être aux abonnés absents. Le P/APC n'est pas encore revenu du pèlerinage alors que les autres élus n'étaient pas dans leur bureau, nous assure la secrétaire du maire.