Les armées éthiopienne et somalienne, du moins celle relevant du gouvernement, annonçaient hier les ultimes batailles, mais pas la fin des guerres en Somalie puisqu'au même moment, il était fait état d'affrontements entre clans rivaux dans le centre du pays. Personne, dans le même temps, ne parlait des derniers bombardements américains visant officiellement des refuges d'El Qaïda, mais tuant, selon nombre d'observateurs, des civils. Il faut croire tout de même que cette offensive a l'effet d'un rouleau-compresseur puisqu'un premier accord important est intervenu vendredi à Mogadiscio entre le gouvernement somalien et les principaux chefs de guerre qui ont accepté de rendre leurs armes et d'intégrer leurs hommes au sein des forces de sécurité, 15 jours après la fuite des islamistes. Là encore, l'information doit être relativisée car les chefs de guerre se sont tous taillés des territoires à leur juste dimension, et que depuis 1991, la Somalie a vécu sous cet ordre. L'accord a été conclu au cours d'un entretien dans Villa Somalia du président Abdullahi Yusuf avec sept chefs de guerre, a précisé le porte-parole du gouvernement, Abdirahman Dinari. « Les principaux chefs de guerre qui contrôlaient une partie de la capitale somalienne ont décidé de rendre leurs armes au gouvernement fédéral de transition après quatre heures de discussions avec le président », a affirmé M. Dinari. « Ils ont aussi accepté d'ordonner à leurs miliciens de rejoindre l'armée nationale (...), et le gouvernement a accepté. » Parmi les sept signataires figurent les deux principaux dirigeants du sud de la ville, Mohamed Qanyare Afrah et Musa Sudi Yalahwo, qui empêchaient le gouvernement de siéger dans la capitale. Ces chefs de guerre, bien que soutenus par les Etats-Unis, avaient été ensuite chassés de Mogadiscio en juin-juillet 2006 par les miliciens des tribunaux islamiques. Le président Yusuf a fait son entrée le 8 janvier sous lourde escorte dans Mogadiscio, tenue par l'armée éthiopienne depuis la débâcle des islamistes, le 28 décembre. Auparavant, tout le gouvernement de transition était cantonné à Baïdoa (250 km au nord-ouest de la capitale), d'abord en raison de l'hostilité des chefs de guerre, puis à la suite de la prise de pouvoir des tribunaux islamiques. La semaine dernière, le gouvernement avait lancé une opération de désarmement, qui s'était soldée par un cuisant échec. Depuis le début de la guerre civile, les Somaliens s'arment puis s'enrôlent comme miliciens et gardes du corps auprès de ceux qui peuvent les payer, chefs de clans, commerçants, riches propriétaires, humanitaires et journalistes de passage. Mais ils se servent tout autant de leurs armes pour rançonner les habitants. Le porte-parole du gouvernement s'est félicité de cet accord, qui doit cependant être confirmé dans les faits, dans un pays où nombre d'accords et cessez-le-feu sont restés lettre morte. « Un comité conjoint a été mis en place pour surveiller la remise des armes (...) au gouvernement. C'est une formidable occasion pour le gouvernement d'améliorer la sécurité », a estimé M. Dinari, précisant que les chefs de guerre s'étaient « engagés à faire partie du gouvernement ». C'est donc le prix à payer, mais une telle situation rappelle étrangement celle de l'Afghanistan où les chefs de guerre n'ont rien perdu de leur puissance et de leurs privilèges.