Après la semence, le lointain Canada va livrer à l'Algérie de la pomme de terre de consommation. Une première dans l'histoire du pays car, si la semence de pomme de terre avait déjà été expérimentée de part le passé à raison de 3 901 tonnes en 78/79 et 11 980 tonnes en 83/84, c'est bien la première fois, depuis la nuit des temps, que notre pays aura recours à l'importation à partir de l'Amérique de ce tubercule, pour la consommation en l'état. Au demeurant, depuis l'entrée en production intensive de la région de Aïn Defla, jamais l'Algérie n'aura eu recours à une importation pour la consommation humaine. Diktat des intermédiaires En effet, des rendements plus qu'appréciables auront permis à notre pays de se mettre à l'abris des pénuries de triste mémoire, qui était monnaie courante jusqu'aux années 80. Ce n'est pas sans raison qu'il y a quatre années, un importateur occasionnel de semence se fera littéralement éliminer de la sphère parce qu'il aura commis le sacrilège d'importer de la pomme de terre de consommation au moment où nos fellah entamaient la récolte de la patate que ce même opérateur leur avait livré 3 mois auparavant. L'année suivante, aucun paysan ne daignera lui acheter le moindre tubercule de semence. Depuis, plus personne n'en entendra parler. Accusant le coup, il finira par abandonner ce segment très sensible de l'économie agricole. C'est en raison de la cherté du produit au niveau européen que l'importation aura pris autant de retard. Car, dès mi novembre, il devenait évident que les répercussions d'une mauvaise saison d'importation, durant l'année 2005/2006, allaient se traduire par une raréfaction du produit à travers le pays. Grâce à une récolte de bonne facture, les producteurs canadiens viennent d'enregistrer des prix suffisamment attractifs pour attirer l'attention d'un opérateur algérien. Spécialisé dans l'agroalimentaire et l'immobilier, ce dernier vient de conclure un contrat de 10 000 tonnes de patates avec un fournisseur canadien. Selon nos sources, le bateau devrait livrer la marchandise au niveau du port d'Oran, probablement le 15 janvier prochain. Conditionnée en sac de 50 Kg, la patate devrait être sur les étalages dès le 20 janvier. Une fois les formalités douanières effectuées, cette pomme de terre devrait revenir entre 25 et 30 Da le Kg TTC. Tout dépendra alors du circuit de distribution et des marges bénéficiaires. Moins il y aura d'intermédiaires, plus les prix seront bas. Toutefois, le mode de conditionnement en sac de 50 Kg ne plaide pas en faveur de la ménagère, loin s'en faut. Pendant ce temps, dans les campagnes, les tubercules d'arrière saison commencent à se raréfier. Habituellement, à cette période de l'année, ce sont les bassins de Maghnia et de Aïn Defla qui assurent la soudure avec la « primeure » de Mostaganem et d'Alger. Apparemment, l'offre est en train de s'amenuiser sous les effets conjugués de la baisse des rendements et des superficies cultivées. Qu'y pourront les 10 000 tonnes du Canada ? Sachant que nous consommons en moyenne 3,7 Kg/habitant/mois. Cet arrivage permettra tout juste de couvrir nos besoins sur 25 jours. Et après ? Faudra-t-il se serrer la ceinture en attendant l'arrivée des premières patates indigènes qui sont prévues pour le mois de mars ? Tout dépendra du comportement de la ménagère. Un comportement intimement lié à celui du prix de cession de la patate nord américaine.