Un témoin des plus surprenants a bouleversé la salle avec sa déclaration, hier, devant le tribunal criminel de Blida. C'est Zaïm Mohamed, l'ancien président de l'USM Blida (1996-2003) qui a affirmé d'abord connaître Chaâchouâ Abdelwahab. « Belaïd Kechad, directeur d'El Khalifa Bank Blida, m'a appelé pour me parler du sponsoring. C'est lui qui ma présenté Chaâchouâ en tant que représentant du groupe en 1999. Ils sont venus tous les deux au bureau pour négocier le contrat de sponsoring. Khalifa proposait de prendre en charge financièrement les salaires, les primes de matches, les signatures, le transport, l'hôtel et la restauration des joueurs et des entraîneurs, en contrepartie de la publicité sur les maillots et les panneaux du stade. Il est entendu aussi que les matches seront retransmis en direct sur KTV. » Le montant global de ce sponsoring durant les deux saisons est à peu près de 30 à 40 millions de dinars. Il précise que ce montant représente la plus grande partie du sponsoring, parce qu'il y avait d'autres sponsors, pour les 18 joueurs de l'USMB. Il explique que le salaire d'un joueur varie de 20 000 à 40 000 DA et les primes de match varient entre 50 000 à 100 000 DA. « La première tranche était de 150 millions de dinars. J'ai négocié et envoyé un chargé des sponsors pour le signer avec Mokadem Tahar », déclare le témoin qui semble gêné. Il déclare n'avoir jamais rencontré Moumen, sauf par hasard dans un hôtel, lors du match France - Algérie. Il explique avoir eu un problème avec Chaâchouâ du fait qu'il « s'immisçait dans les affaires du club. A chaque fois que je sanctionnais un joueur, il intervenait pour le réhabiliter. Je ne l'ai pas accepté ». Il révèle qu'entre 2001 et 2002, le club a bénéficié de près de 40 millions de dinars, versés par El Khalifa Bank Blida dans le compte du club, domicilié dans cette agence. La présidente appelle Chaâchouâ qui se montre nerveux, non content des propos de Zaïm. « La première fois que je l'ai vu, c'était chez Belaïd Kechad et on a parlé de sponsoring », lance-t-il avant de clamer que le témoin a vu Abdelmoumen au stade de Blida. « Les supporters peuvent témoigner qu'il était à côté de lui et qu'il l'a reçu », dit-il avant que la magistrate ne l'interrompe. Le procureur général lui demande de parler de la villa achetée par Ighil Meziane. « En 2002, un député m'a parlé d'un terrain à Kouba. J'en ai parlé à Ighil, il est entré en contact avec le député et il l'a acheté. » Me Meziane, avocat d'El Khalifa Bank liquidation, lui demande s'il a pris des crédits d'El Khalifa Bank à son profit ou pour sa société Orangina. Zaïm semble inquiet, déstabilisé même. La magistrate refuse la question pour trois raisons. Pour sa présence en tant que témoin, l'affaire du crédit est en justice et s'il y a des soupçons, il faut déposer plainte contre lui. L'avocat se met en colère et dénonce le refus de la présidente. Les autres avocats se solidarisent, c'est le brouhaha dans la salle. Le procureur général demande une levée de séance de 5 minutes. Les avocats protestent. La magistrate précise qu'elle est la seule police de l'audience. Elle poursuit les débats. Me Meziane reprend sa question : « Je savais qu'il y avait une affaire commerciale pendante. » Pourtant, dans le dossier, Zaïm a pris près de 240 millions de dinars en tant que personne et en tant que patron d'Orangina, sans aucun dossier. En l'interrogeant, l'avocat de la partie civile « voulait connaître le procédé de dilapidation des fonds d'El Khalifa Bank à travers les crédits sans dossier ». Son témoignage sous serment vient d'être cassé. La présidente précise qu'il aurait fallu ne pas laisser le témoin prêter serment pour pouvoir l'entendre sur ces questions. Me Khaled Bourayou, avocat d'Akli Youcef, lui demande où étaient versés les montants du sponsoring. « Au compte du club à El Khalifa Bank. » L'avocat d'Ighil Meziane, Me Boulefrad, proteste contre le fait que les interrogatoires des témoins se font avant ceux des accusés, faisant allusion aux questions du procureur général sur son mandant. L'avocat fait savoir que le terrain acheté à Kouba n'appartient pas à un homme, mais à une femme. « Avec qui Ighil a signé le contrat ? », demande l'avocat. Zaïm refuse de répondre. Zaïm quitte la salle, dans un état de fatigue extrême. Kechad Belaïd, directeur d'El Khalifa Blida est appelé pour une confrontation. Lui aussi affirme avoir rencontré Zaïm à l'agence avec Chachoua. Il affirme l'avoir rencontré aussi au stade et ailleurs, tout en précisant que Chachoua était chargé du sponsoring à Khalifa. Ce qui dément les propos de Chachoua. Ce dernier semble très nerveux. Me Bourayou pose une série de questions à Chachoua, notamment sur ses voyages. Il revient sur la réception de Cannes. « Il y avait beaucoup de personnalités algériennes et françaises », répond l'accusé. « Est-ce que Pamela Anderson était présente ? ». L'accusé : « Je ne la connais pas ». L'avocat poursuit : « Le chanteur Sring ». C'est la surprise dans la salle. « Le chanteur Sting, pardon. » Et c'est le fou rire général. La présidente lève l'audience. Elle reprend aujourd'hui.