Bensahoua Mohamed Rachid, chirurgien dentiste, époux d'une des sœurs de Chaâchouâ Abdelhafid, est accusé de recel d'objets volés, en l'occurrence une Golf 4e génération. Devant le tribunal, il explique qu'il a acheté cette voiture avec ses économies au mois d'août 2002. La présidente lui fait remarquer que le bon de livraison du véhicule a été établi au nom du groupe Khalifa. L'accusé : « La facture est à mon nom. » La juge exhibe le bon de livraison et le montre à Bensahoua, qui, après avoir bien lu le contenu, lâche : « Je ne sais pas. » Il note néanmoins que c'est son beau-frère, Chaâchouâ Badreddine, alors chargé de l'achat des véhicules pour le compte du groupe Khalifa, qui lui a proposé la marque Volkswagen, du fait qu'il connaissait le concessionnaire, Mouffok. La présidente reprend les aveux de l'accusé devant le juge, selon lesquels Badreddine Chaâchouâ avait déjà acheté une vingtaine de voitures Citroën, Toyota et Volkswagen, pour le compte du groupe. Elle note que la Golf en question a été retrouvée chez l'accusé alors que le bon de livraison a été saisi dans la villa de Chaâchouâ Badreddine à Dar Diaf. « C'est mon beau-frère qui m'a fait les formalités et après j'ai été pour payer le montant de 2,20 millions de dinars », révèle Bensahoua. La juge corrige le montant : « Il s'agit de 1,83 million de dinars. La facture a été payée par Khalifa et elle vous a été offerte. » L'accusé rejette ces affirmations et persiste à déclarer que c'est lui qui a payé la facture. La magistrate l'interroge sur la carte grise du véhicule et l'accusé révèle qu'il l'a établie sur la base de la facture. « La voiture a été livrée à Badreddine Chaâchouâ. » L'accusé : « Non, ce n'est pas vrai. » La présidente : « Regardez, le bon de livraison comporte son nom et le numéro de châssis de votre voiture. » La juge relève que l'année 2002 a été celle où les Chaâchouâ ont acheté tous leurs biens. Elle interroge l'accusé sur l'appartement qu'il a acheté pour un peu plus de 2,2 millions de dinars durant la même période. « Je suis chirurgien dentiste depuis 1979 et propriétaire de plusieurs hectares de terres agricoles », dit-il. La présidente revient sur le bon de livraison et demande à l'accusé pourquoi il est au nom de Khalifa. « Je ne sais pas », répond-il. Le procureur général l'interroge sur la carte grise qu'il s'est fait établir à la daïra de Bouzaréah. « C'est Chaâchouâ Badreddine qui a fait les formalités », dit-il. Le magistrat lui demande pourquoi l'adresse qu'elle comporte est à El Biar. L'accusé : « Mon adresse est à Médéa, mais je ne sais pas, c'est Badreddine qui a tout fait. » Le procureur général fait savoir à l'accusé que la voiture a été achetée en réalité avec l'argent d'El Khalifa Bank et que lui a remis la somme de 2,20 millions de dinars en plus. Son avocat Me Benguitoune signale que le numéro de la facture et celui du bon de livraison ne concordent pas. La présidente intervient : « Ce qui importe pour nous, c'est le numéro de châssis du véhicule qui est le même. De toutes façons, tout document remis à l'audience et qui n'est pas dans le dossier est rejeté par le tribunal. » La présidente appelle à la barre l'accusé Amghar Mohamed Arezki. Ancien retraité de la BNA, il avait occupé plusieurs postes entre 1970 et 1998, avant de quitter la banque avec celui de directeur central. Grâce à Kebbache Ghazi, qu'il connaissait avant, il rejoint Khalifa en 1998, à la veille de sa mise à la retraite et lui parle du projet de Abdelmoumen, son neveu, pour la création d'une banque. Il profite pour lui remettre sa demande de recrutement et quelques jours après, il est convoqué à la villa de Birkhadem, siège de KRG Pharma, où il rencontre Moumen, qui lui propose de choisir entre deux postes, inspecteur général ou la direction des crédits. L'accusé opte pour ce dernier, pour un salaire de 75 000 DA. Mais, à peine entame-t-il sa mission que Guellimi Omar, alors actionnaire, lui propose un autre poste, celui de directeur de l'administration générale de la banque, qu'il occupe jusqu'à fin 1999. Abdelmoumen l'appelle et le charge d'un autre poste, celui de vice-président chargé de la direction générale de l'administration, pour un salaire de 150 000 DA. Sa mission est de préparer toute l'organisation administrative de la banque. Il est vite remplacé par Zizi, pour être affecté à la direction du développement du réseau, jusqu'en début 2000. « J'ai d'abord été dépêché en France pour acheter un logiciel pour la banque, puis à mon retour, le PDG m'a fait part de son idée d'ouvrir une représentation à Paris, qu'il m'a proposé de diriger. Au début, j'ai refusé, mais il a fini par me convaincre », dit-il. La présidente demande à l'accusé s'il a pris un prêt. L'accusé : « En 2000, j'ai bénéficié d'un prêt de 4 millions de dinars pour acheter un appartement. La demande a été faite à Abdelmoumen qui a notifié son accord. » Cette demande ne comportait pas de montant, révèle l'accusé, car celui-ci dépendait des offres des promoteurs. Il affirme avoir acheté un logement auprès de l'OPGI de Bir Mourad Raïs, à la tour de Bir Mourad Raïs, pour un montant de 4,5 millions de dinars, versés à son compte à Chéraga. C'était le 1er août 1999, avec un taux d'intérêt, dit-il, de 3% fixé pour l'ensemble des employés du groupe. L'accusé ne se rappelle pas combien il a remboursé, mais affirme avoir convenu d'une ponction mensuelle de 50 000 DA sur son salaire. La présidente revient sur la représentation de Paris et aussi sur la création de Khalifa location de voitures (KRC). « Je suis parti à Paris et j'ai commencé par chercher un local pour la représentation. J'ai également préparé le dossier pour la Banque d'Algérie », déclare l'accusé. La juge : « Mais aussi chef de projet de la création de KRC, constituée de 50% des actions par Khalifa Airways et 50% par El Khalifa Bank, en Algérie, en février 2001, et qui avait acheté quelque 120 véhicules. » L'accusé confirme et explique qu'à cette époque, il revenait de Paris, et s'est retrouvé radié du personnel de la banque. « A Paris, je percevais un salaire de 10 000 FF, lorsque j'étais à l'hôtel, pris en charge totalement, puis de 20 000 FF, lorsque le groupe m'a loué un appartement. Je n'avais pas de fiche de paie », déclare Amghar avant d'ajouter que dans ce projet de représentation, il y avait des consultants étrangers. Les 40 véhicules disparus de KRC A propos de Hocine Soualmi, l'accusé affirme : « Pour moi, le bureau n'a jamais fonctionné parce que les autorités françaises n'ont pas autorisé son agrément. De plus, étant donné que j'étais chargé des démarches administratives, l'argent devait être transféré d'Alger, mais la Banque d'Algérie a refusé d'autoriser les transferts. J'ai reçu en septembre 2001 une lettre du PDG dans laquelle il m'a fait part du refus de la Banque d'Algérie, et à ce titre, il m'a demandé de rentrer. » La présidente : « Comment expliquer alors les placements de fonds des Algériens au niveau de cette représentation et les intérêts auxquels ils ouvraient droit ? » L'accusé : « Impossible. Un bureau de représentation ne peut faire des activités commerciales. » Il garde le silence lorsque la présidente lui demande d'expliquer comment Foudad, l'ancien directeur de l'école de police, a placé ses avoirs et bénéficié des intérêts. A propos du compte de Khalifa de San Paulo Paris, il affirme qu'il s'agit d'un compte comme tous les autres comptes des banques algériennes ouverts pour servir au paiement des fournisseurs de leurs clients et tous les transferts passent inévitablement par la Banque d'Algérie. Il note n'avoir pas vu Soualmi, le directeur de l'agence des Abattoirs, qu'une fois à Alger, lorsque Moumen lui a demandé de restituer les clefs de la voiture qu'il conduisait en France. Il déclare ne pas savoir s'il avait été son successeur à ce poste. A ce moment, Moumen l'informe qu'il va créer trois sociétés, Khalifa Construction, Khalifa Location et des filiales de Khalifa Airways. Il le désigne comme chef de projet pour Khalifa Location (KRC) et le met en contact avec Chaâchouâ Badreddine pour l'achat des voitures et des mobiliers de bureau. Il affirme qu'une vingtaine de véhicules étaient déjà prêts à Oran. Ils avaient été achetés à Oran, pour Khalifa Airways, mais n'ont pas été utilisés. A propos des chèques de KRC qu'il a signés à son profit, il explique qu'il avait demandé à Moumen un prêt pour l'aider à acheter un logement. Il lui a avancé la somme de 15 millions de dinars qu'il a encaissée en chèque de banque. Il a déboursé 9 millions de dinars pour acheter un F6, à Khelifa Boukhalfa, à Alger, et l'autre partie plus de 3,3 millions pour rembourser le premier prêt qui lui a été accordé par El Khalifa Bank. « C'est une société commerciale. Le patron a le droit de me donner la somme », dit-il, ajoutant que l'assemblée générale de KRC s'est réunie après pour accorder le prêt, mais une fois déjà consommé. Il estime que KRC Paris était gérée par des Français et n'avait aucun lien avec celle de l'Algérie. Selon lui, il y a eu une trentaine de véhicules commandés par Chaâchouâ Badreddine (Renault, Toyota et Citroën). « Est-ce que vous avez eu des ordres pour mettre les C5 à des patrons de sociétés publiques », demande le procureur général. L'accusé : « Les C5 sont remises aux VIP. Nous avons eu des ordres de ce type, car nous n'avons pas d'ordre pour des particuliers. Nous avons remis une à La Radieuse d'Oran, une association sportive, deux à la confédération des finances et dix pour l'Année de l'Algérie en France, pour une période de six mois et aucun de ces véhicules n'a été restitué ». La magistrate déclare qu'une quarantaine de véhicules ont disparu. A propos du déficit de 42,646 millions de dinars, accusé par KRC, l'accusé apporte d'autres précisions. Selon lui, le montant est de 10 millions de dinars. Pour relancer l'entreprise, les associés ont voulu, en 2003, augmenter le capital de 50 millions de dinars, mais entre temps la société a fermé. La présidente appelle Kechad Belaïd, directeur de l'agence Khalifa de Blida. Ancien directeur régional de la BDL de Bouira, il a rejoint Khalifa en février 1998, comme directeur, jusqu'à 2001. Quand il a été désigné, l'agence était en projet. Ce qui l'a obligé, selon lui, à solliciter des commerçants, des particuliers et des sociétés. A ce titre, il reconnaît avoir fait la tournée des villes de l'Est et quelques wilayas de l'Ouest pour encourager les patrons des OPGI et EPLF à placer leurs fonds dans la banque, sachant que l'EPLF de Blida était le premier organisme ayant placé ses avoirs, qui étaient au CPA. Les avantages accordés sont les taux d'intérêt attractifs situés entre 8 et 13% et la gratuité des voyages ainsi que de meilleures prestations de services. Il cite les wilayas de Guelma, Batna, Annaba, Oum El Bouaghi, Bordj Bou Arréridj, Sétif, Khenchela, Oran et Aïn Témouchent. Le plus gros déposant est, selon lui, l'OPGI de Blida avec 500 millions de dinars, alors qu'il avait commencé par un placement de 300 millions de dinars. A propos de ses voyages avec Ighil et Chaâchouâ, il affirme avoir fait 3 voyages avec lui sans qu'il ai une responsabilité dans les négociations quant au placement. Souvent, il le rencontre sur place. Il révèle l'avoir connu à Blida en tant que commerçant quand il a ouvert son compte. « Une fois, je l'ai même rencontré au siège du groupe avec d'autres responsables et des personnalités, dont Rabah Madjer ». La présidente l'interroge sur la somme de 5 millions de dinars remise à Benchefra Ahmed, DG par intérim de l'OPGI de Constantine. L'accusé nie catégoriquement avoir remis en espèces mais plutôt en tant que crédit accordé pour l'achat d'un appartement. La magistrate lui fait remarquer que Benchefra sera appelé à la barre et confirmera ses révélations. Il ne donnera aucune réponse sur le procédé de retrait de cette somme, en disant qu'il avait quitté son poste entre temps. Lui, explique-t-il, n'a fait que signer le prêt. Au sujet des avantages dont aurait bénéficié Meziane Ighil, l'accusé déclare : « Un crédit de 1,5 million de dinars pour son magasin de gros. »