Non, ce n'est pas encore une réalité en Algérie. Elle a vu le jour au Bénin. Ce pays d'Afrique francophone n'a pas les moyens de se payer des équipes d'architectes et de techniciens spécialisées dans le sauvetage et la restauration des sites et monuments historiques. Il n'a pas d'argent mais son peuple possède un sacré génie. Des citoyens s'adonnent avec enthousiasme à un sauvetage insolite mais ô combien noble. Ils ont projeté de sauver de l'oubli et de la vétusté des éléments majeurs de leur patrimoine historique. Une belle et triple leçon de patriotisme, de solidarité et de reconnaissance. Ils s'acquittent par là d'un devoir de mémoire envers les ancêtres qui ont souffert pour ériger de telles bâtisses à l'architecture somptueuse. Ils sont aidés en cela par des étrangers de bonne volonté, des hommes et des femmes humanistes jusqu'au bout des ongles. C'est sous leur impulsion qu'une école du patrimoine africain est née au Bénin. Elle bénéficie d'un financement de l'Etat béninois à hauteur de 20%, le reste étant avancé par des ONG, des organismes internationaux et des mécènes. Dans son plan de formation, cette école unique en son genre dans le continent africain — prévoit d'assurer une spécialisation des jeunes aux différents métiers relevant de la restauration des sites historiques. Diffusé sur une chaîne européenne, un documentaire nous a montré de jeunes Béninois occupés à restaurer et à sauver des villas, des palaces et des églises dont la construction remonte à la fin du XVIII - début XIX siècles. Un héritage légué par d'anciens esclaves revenus au pays après leur affranchissement. N'est-ce pas là une invitation à tous les autres pays d'Afrique de compter sur leur propres capacités, ne serait-ce que pour rafistoler le mur d'un monument historique. Il est vrai que ce genre de travail exige une certaine spécialisation et ne doit pas être donné au premier venu. Nous avons en tête la destruction et l'enlaidissement de nos vieilles mosquées, palais et maisons anciennes des mains d'entrepreneurs incultes et sans spécialisation. Mais à qui incombe la faute ? Le ministère de l'Enseignement et de la Formation professionnels peut tirer bénéfice d'une telle initiative. Des milliers d'ouvrages, de sites et de monuments historiques dépérissent en Algérie, ce musée à ciel ouvert. Nos ancêtres au secours des jeunes d'aujourd'hui ? Le sauvetage de leurs œuvres bâties pourrait booster la lutte contre le chômage. Une école du patrimoine en Algérie : rêve ou réalité ?