Sur les 11 millions de mines antipersonnel semées par la France durant la guerre de Libération nationale, 3 millions souillent toujours les frontières algériennes, a affirmé, jeudi à Alger, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbas, dans une allocution prononcée lors du colloque de formation sur la prise en charge des victimes des mines antipersonnel. Le gouvernement avait, déjà, déclaré que 3 064 180 mines restent enfouies dans les 5676 km2 le long de 1049 km des lignes de Morice et de Challe, sur la zone frontalière avec la Tunisie et le Maroc. De novembre 2004 au 31 mars 2006, l'ANP en a détruit 190 858, ce qui représente un taux de 6%. Ces restes explosifs ne font que rappeler les atrocités du colonialisme. En novembre 2005, lors de la cérémonie de clôture de l'opération de destruction du dernier lot du stock algérien de mines antipersonnel, qui s'est déroulée à Hassi Bahbah, dans la wilaya de Djelfa, le président Bouteflika avait dénoncé le passé de la France coloniale, eu égard, a-t-il souligné, au nombre important « de mines antipersonnel et de mines en général », qui ont été semées à travers le territoire national, regrettant par la même occasion « le fait que la France n'ait pas daigné nous fournir la cartographie pouvant faciliter le déminage de ces régions ». Il a rappelé, à ce titre, les souffrances endurées par le pays depuis l'indépendance, du fait, a-t-il relevé, des mines qui ont été semées par le colonialisme. Pour ce qui est du colloque de jeudi, M. Ould Abbas a expliqué que l'objectif recherché est l'amélioration des conditions de vie de « ceux qui ont été atteints dans leur intégrité physique afin d'éviter que ces armes insidieuses fassent encore de nouvelles victimes ». Selon le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, les mines antipersonnel ont tué près de 4000 personnes et provoqué 13 000 blessés. Ainsi, l'assistance aux victimes de mines antipersonnel nécessite, selon le ministre, « la mobilisation d'importants moyens humains, financiers et matériels ». Il a rappelé, en outre, que l'Algérie a été l'un des premiers pays à avoir signé, le 3 décembre 1997, la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, dont la ratification qui s'est déroulée le 9 octobre 2001 est entrée en vigueur le 1er avril 2002. L'Algérie a accompli la destruction de sa réserve le 21 novembre 2005. Présentes au colloque, des associations nationales ont plaidé pour l'instauration d'un statut particulier aux victimes des mines, l'augmentation de leur pension et leur meilleure prise en charge. Lors de son intervention, le président de l'association Solidarité des handicapés et victimes des mines, Youcef Rafai, a lancé un appel au gouvernement pour l'élaboration d'un statut particulier pour les victimes de mines, appelant, par la même occasion, à la majoration des salaires. Il affirme que malgré l'intérêt porté par l'Etat pour cette catégorie, la prise en charge demeure insuffisante notamment par rapport au pouvoir d'achat. D'autres intervenants ont mis, également, en évidence l'importance que revêt l'instauration d'un statut particulier pour les victimes des mines antipersonnel et leur insertion dans le monde du travail, estimant que « beaucoup reste à faire dans ce cadre ». D'autres associations, quant à elles, ont appelé à la révision de la loi sur les handicapés de 2002 qui « est loin de répondre aux besoins des handicapés ».