Une cinquantaine de personnes se sont regroupées hier matin devant le siège de la cour de Ouargla pour exiger « la libération immédiate » des huit délégués du Mouvement du Sud pour la justice (MSJ) de Ouargla placés en détention préventive depuis le 4 juin dernier à l'établissement carcéral de Sidi Abdelkader. Sous un soleil de plomb, 45°C, des banderoles noires porteuses de revendications des familles des détenus sont brandies. « Nous nous révoltons contre cette détention préventive prolongée et les accusations calomnieuses contre nos enfants », proclament les protestataires, qui exigent « la libération pure et simple des détenus », « un droit civique pour des gens qui ont mis à nu l'incapacité de nos décideurs à donner du travail et de la dignité », déclare le frère du prisonnier auquel l'accès au bureau du procureur général de la République a été refusé. Les représentants du mouvement voulaient lui remettre une lettre de protestation expliquant l'inquiétude des familles quant à la situation sanitaire des détenus. Et ce, sachant que six sur les huit observent une grève de la faim depuis le 26 juin dernier. La lettre s'insurge également contre l'accusation calomnieuse d'œuvrer à la séparation du sud du pays de son nord, accusation que les familles autant que l'avocat des détenus réfutent formellement. Le sit-in a donc été observé entre 9h15 et 10h20, en face de la salle d'audience de la cour fermement barricadée. Les policiers en faction ne sont intervenus qu'après l'arrivée des renforts sécuritaires venus encercler la place Sedrata adjacente au tribunal. Les forces de l'ordre dirigées par le chef de Sûreté de wilaya en personne ont alors sommé les protestataires de quitter immédiatement les lieux dans le calme. De longs pourparlers accompagnés de cris et de menaces ont abouti au refus de quitter les lieux. Trois récalcitrants ont été interpellés sur place, mais les protestataires ont fini par ranger leurs banderoles et décidé de revenir aujourd'hui lors de la plage horaire de réception réservée au public pour exposer leurs doléances au procureur général. Ce dernier précise que « tout le monde est le bienvenu durant les jours de réception, soit les dimanche et mardi », et que « l'instruction se poursuit dans des conditions normales et je n'ai pas les prérogatives de relâcher des détenus ayant pour principal chef d'inculpation un crime, celui d'avoir constitué une association de malfaiteurs ».