Le procès Khalifa entame sa troisième semaine. Il a été beaucoup question de technique bancaire lors des derniers jours. Le public est-il plus éclairé sur ce qui s'est passé dans la faillite frauduleuse du groupe ? Un portrait-robot en questions du procès pour faire le point de la situation.Le procès est-il en train de nous éclairer sur le mode opératoire de Khalifa ? La réponse est oui. Mais pas complètement. Les auditions de Akli Youcef, DG adjoint en charge de la caisse principale, de Chaâchouâ Abdelhafid, DGA chargé de la protection, de Nekkache Hammou, DG adjoint en charge de la comptabilité notamment, mais d'autres encore, ont montré qu'il existait en 2000, 2001, 2002 des départs réguliers de grands montants à partir de la caisse centrale d'El Khalifa Bank sans traces comptables sur ordre du PDG, Khalifa Abdelmoumen. Le procès n'est pas arrivé à suivre cet argent au-delà du bureau de Khalifa, à Sidi Yahia, siège du groupe. Il s'agit pour le moment de l'équivalent en dinars de quatre milliards de dinars. Et c'est là que tombe la réserve car les fonds des épargnants "perdus" dans les dédales de la banque vont au-delà des 120 milliards de dinars. L'administrateur provisoire d'El Khalifa Bank, nommé en mars 2003 par la commission bancaire, a apporté un témoignage clé à ce sujet : "Khalifa avait des comptes d'ordre où se trouvaient les engagements cachés d'El Khalifa Bank vis-à-vis des sociétés apparentées." Montants engagés ? Autour de 80 milliards de dinars. Ce sont ces flux qui ont, à partir de 1999, mis sur pied Khalifa Airways puis les autres entreprises qui groupe sans être inscrits dans les bilans d'ailleurs non certifiés de la banque. Ils ont été maquillés. Comment, par qui ? Mme Brahimi, la présidente d'audience, a insisté sur les 11 EES (écritures entre sièges) sans justificatifs qui ont servi à confondre les principaux prévenus autour de la caisse principale. M. Djellab a parlé des 11 EES comme d'un "détail" devant l'étendue des dégâts qu'il a découverts en arrivant. Le procès néglige-t-il des pistes qui peuvent confondre de hautes personnalités ? La réponse est également oui. Mais cela est en partie l'orientation de l'ordonnance de renvoi que la juge Brahimi s'efforce de respecter sans zèle débordant. Le trafic d'influence est au centre du mode opératoire de Khalifa. Cela ressort avec les bénéficiaires de la carte de gratuité Khalifa Airways et des cartes de paiement Mastercard. Mais pas seulement. "Pour ses frais d'approche et de lobbying", on sait maintenant que le président Khalifa utilisait du liquide apporté directement de sa caisse principale. Un listing des bénéficiaires existe, selon un avocat. Des noms de ministres ont été lâchés la première semaine. La présidente a sonné le "holà" depuis en insistant - tous les jours - sur la nécessité "de ne pas écorcher des gens qui ne sont pas cités dans l'ordonnance de renvoi". Il s'agit pourtant là d'un maillon essentiel de l'explication de comment Khalifa était-il devenu intouchable. En particulier, comment a-t-il pu échapper à toute sanction de la Banque d'Algérie jusqu'à cette date fatidique du 27 novembre 2002 avec le gel des transactions extérieures. La piste la plus explosive de ce point de vue est bien sûr le rôle de la commission bancaire de la Banque d'Algérie qui - c'est le procès qui l'a révélé après les interventions de Djellab, Youcefi (inspecteur) et Agawar (inspecteur) - a laissé El Khalifa Bank enchaîner quatre exercices comptables sans bilans certifiés. L'abse