La loi de finances pour 2007 a prévu de donner un coup de pouce au sponsoring du sport. Elle a déplafonné le montant non imposable consacré au sponsoring par une entreprise durant une année. Bonne initiative, dans l'air du temps. Les besoins de financement du sport enflent à la vitesse où il capte une part grandissante des recettes de spectacle et de droits de télévision partout dans le monde. Mais voilà que dans le même temps se déroule à Blida un mauvais procès contre le sponsoring. La tournure prise par le jugement du scandale Khalifa au sujet du football peut très vite annihiler l'incitation fiscale recherchée, pour drainer plus de capitaux privés vers le financement du sport. De quoi s'agit-il ? De la tendance des débats à traiter les contrats de sponsoring du groupe Khalifa avec les clubs de football comme d'un épisode malveillant dont il est bon de se tenir à distance. La fin de la semaine dernière a fait vivre aux présents à la salle du tribunal de Blida de tristes péripéties. Des témoins de renom - une gloire nationale, Lakhdar Belloumi, et un président de club, Mohamed Zaïm, notable et ancien député RND de Blida - mobilisés pour seulement "confondre" un prévenu, Abdelhafid Chaâchouâ, qui aurait commis l'impair de ne pas s'occuper seulement de la protection des biens et des personnes dans le groupe - ce qui était sa tâche - mais aussi de relations publiques dans le milieu du football pour faciliter des contrats de sponsoring avec le groupe Khalifa. Premier constat : l'activité de sponsoring donnait lieu à des contrats transparents. Ce n'était pas le cas de nombre d'engagements financiers du groupe Khalifa comme le montrent les débats d'audience depuis 15 jours. Deuxième observation : la contrepartie de l'argent versé par Khalifa groupe aux équipes de football de la D1 n'était pas fictive. Le logo de Khalifa était visible à la télévision sur les maillots de toutes les équipes sponsorisées, les panneaux de publicité au stade également, plus tard KTV, la filiale télé s'est aménagée un accès privilégié pour filmer les matchs qu'elle choisissait toujours par la grâce des contrats de sponsoring. Un tel équilibre contractuel n'est pas la règle dans les autres engagements de Khalifa qui ont entraîné sa perte. Une analyse d'efficacité financière montre que pour un engagement dans le football algérien évalué à environ 200 millions de dinars sur la période 1999-2003, les retombées en impact d'images, en indice de confiance auprès du public et en visibilité marketing pour les marques du groupe sont incommensurables. Il a profité de la popularité du football autant sinon plus que ce dernier a profité de l'argent de ses épargnants. A l'audience de Blida, le sponsoring est traité en coin comme un élément dans la panoplie des "largesses" de Khalifa pour édifier un réseau de protection de son groupe et de rabatteurs de trésorerie pour sa banque. Cela prend l'allure d'une diversion. Le monde du football ne détenait pas l'argent de la CNAS, des OPGI ou de la mutuelle de la police. Il a vendu sa magie à Khalifa et ne savait pas qu'il se faisait payer avec l'argent volé aux épargnants. Où s'il le savait, alors que tous ceux qui l'ont su avant lui viennent se montrer au procès de Blida.