De tous les partis politiques algériens, le parti du FFS est, de notoriété publique, le seul qui refuse d'accéder au pouvoir, en jouant le rôle de satellite du système de l'Etat. Convaincu de la justesse de la cause des citoyens et citoyennes en faveur de leur autodétermination politique et de leur droit de bénéficier, équitablement et démocratiquement, des chances qu'offrent les richesses confisquées de leur pays, le FFS s'installe dans l'opposition radicale contre ce système qui s'impose par des méthodes fascistes utilisant la fraude électorale, la corruption ou la violence et la terreur et agissant dans le sens contraire de son discours pseudo démocratique. La fidélité à son choix politique ainsi que l'application, lucide et pertinente, de sa stratégie d'adaptation aux différentes circonstances, ont raffermi et consolidé la crédibilité du FFS auprès de l'opinion publique, nationale comme internationale. Ainsi, le FFS s'est illustré en optant pour la légitimité populaire, ainsi que pour l'Assemblée constituante nationale souveraine et indépendante. Cette constituante rassemble, avantageusement et sans exclusive, toutes les sensibilités politiques que partage notre population. Elle représente, par ailleurs, la base fondamentale et la première marche dans l'édification authentique de la démocratie. Cette option du FFS s'oppose donc à la prétendue « légitimité révolutionnaire » servant de légitimation des successifs corps d'Etats des clans du système. Elle oppose également la Constitution du peuple aux successives Constitutions commanditées sur mesure par les différents présidents de la République au service du système. Cette Constitution du peuple dans laquelle se retrouvent toutes les sensibilités politiques doit émaner nécessairement de l'Assemblée constituante qui la conçoit comme une protection fiable contre la scélératesse des lois. De même, après avoir tenté vainement de faire partager ses idées au sein du premier Parlement pluraliste où règne encore la mentalité de la pensée unique, le FFS y a renoncé au terme de cette expérience infructueuse tout au long de cette mandature. Cette renonciation, de haute signification politique, lui évite, malgré la perte pécuniaire, de continuer à jouer le rôle de façade démocratique au service du régime autoritaire et de son gouvernement. Par contre, le FFS a judicieusement décidé de s'impliquer dans les assemblées locales et de s'opposer ainsi à l'intérieur, afin de contribuer à la libération de ce pouvoir local de l'hégémonie du régime et de participer à l'avènement de la dissidence citoyenne nationale pacifique, tant que le système persiste à ignorer la souveraineté du citoyen et à manipuler son vote. Le FFS ne fait pas dans l'opposition gratuite ni dans l'opposition contre son peuple et encore moins dans la politique de la chaise vide, ou celle de la contradiction, comme le fait croire fallacieusement la propagande du pouvoir. Le FFS a, par contre, démontré qu'il est une opposition constructive en faveur de l'unité nationale et de l'intérêt général, en appelant à l'entente nationale, à la paix, au vrai dialogue, à la négociation de garanties et à leur respect mutuel et au rejet de la violence d'où qu'elle vienne. Le FFS a contracté des pactes et des accords avec les autres partis politiques et des personnalités nationales ; il a créé une dynamique d'offre de paix, de sortie de crise et surtout de participation des citoyens et citoyennes à la prise en charge de leur destin, à travers la plateforme de Sant'Egidio, par exemple. Il a alerté l'opinion internationale sur les violations des droits de l'homme tout au long de la sale guerre qui est imposée aux civils, à huis clos, depuis l'indépendance de ce grand pays martyr. Présent sur la scène internationale, le FFS n'a jamais critiqué ni déprécié son peuple, mais, par contre, il y a dénoncé courageusement les méthodes mafieuses de la gouvernance. Le FFS adapte ses statuts à la stratégie de l'alternative démocratique en s'ouvrant à la société civile, tout en restant vigilant afin d'éviter sa ghettoïsation ou sa « normalisation » de gré ou de force dans les circonstances actuelles. Ces circonstances antidémocratiques qui représentent, pour le système, la voie privilégiée qui conduit autoritairement le train de la majorité du peuple algérien vers la gare de l'Algérie d'aujourd'hui, celle de la misère, de la corruption, de la violence programmée, de la négation des droits de la personne, du désespoir et de la fuite des cerveaux, des capitaux et de la jeunesse. Le FFS suggère un changement de voie, radical et pacifique, par le renoncement volontaire de la nomenklatura à sa main basse sur les richesses et la souveraineté du peuple. Cette nouvelle voie éthique et démocratique est représentée par la constituante ; elle mènera nécessairement ce train transportant la majorité de la population, vers une autre destination, celle de l'autre Algérie moderne, de l'Etat de droit, de la liberté, de la justice sociale, de l'équité, de l'épanouissement socioculturel pluraliste et de l'amour d'y vivre pour tous, bref, vers l'Algérie de l'alternative démocratique pacifique, transparente et crédible. Peut-on faire l'effort, un instant, d'imaginer la différence qu'il y a entre la nouvelle Algérie telle que décrite ci-dessus, si les propositions du FFS n'avaient pas été rejetées « globalement et dans le détail », et l'Algérie d'aujourd'hui, celle de la malveillance et de la « hogra », celle de 200 000 assassinats d'Algériens entre eux, et de milliers de disparitions forcées, celle dont le régime politique inspire de la haine et de l'arbitraire, lesquels incitent à la fuite vers l'étranger ? Cet étranger qui est présent par intérêt dans l'Algérie utile, et vers lequel s'exilent nos nationaux, se trouve paradoxalement sollicité par ce système au pouvoir pour trouver la solution à cette fuite, afin d'en empêcher les cerveaux et la jeunesse, en état de désespoir, car écœurés de tout ce qu'ils aiment dans leur pays, à cause de ce régime autoritaire et irresponsable. Mais la politique du FFS, fondée sur les devoirs de vérité, de lucidité, d'éthique et d'honnêteté intellectuelle, est, hélas, quelque peu déformée dans la conscience collective nationale et internationale, par la puissante propagande mensongère et la guerre psychologique du système. Ce qui a pour but de diaboliser le FFS et à travers lui le politique en général. Ainsi, voudrait-on faire du FFS la cible privilégiée de tous les tireurs et détracteurs mis au service du système au pouvoir, dans le seul but de forcer ce parti à s'aligner sur les autres partis. Or il est aisé de constater que ces derniers n'ont pas pu améliorer le droit politique, droit dont découlent tous les autres droits du citoyen ; cela, malgré leur « normalisation » et leur allégeance, sauf qu'il en ont profité pour remplir leurs propres poches et celles de leurs alliés et satisfaire leur « attrait de la mangeoire ». C'est donc à juste titre que le FFS radicalise son opposition au système antidémocratique, et que son président Hocine Aït Ahmed n'avait pas tort d'affirmer devant le 3e congrès de mai 2000, à Tipaza, où il a été largement ovationné, que se laisser normaliser, dans les circonstances actuelles, et « après 40 années de lutte pour la liberté, la démocratie et la justice sociale, je ne dirais pas que ce serait un échec du FFS de participer par trois fauteuils ministériels ; ce serait une trahison pure et simple de nos idéaux ; ce serait tourner le dos à la mémoire de tous ceux qui se sont battus pendant près de quarante ans pour que ce pays retrouve son droit à l'autodétermination par l'exercice plénier de ses droits de l'homme ». Dr N. A. R. (*) Elu à l'APW d'Alger - liste FFS