Les produits contrefaits qui entrent en Algérie proviennent essentiellement de la République de Chine. Les statistiques des Douanes algériennes le démontrent : près de la moitié des produits informes saisis au courant de l'année 2006 sont importés de ce géant asiatique. Il s'agit, entre autres, de produits électroménagers, de cigarettes, de produits alimentaires, de cosmétiques, de textiles, de pièces de rechange, de médicaments, de joaillerie… La liste est longue. Des échantillons de ces produits saisis sont actuellement exposés au musée des douanes, qui se trouve à l'intérieur de la direction générale, à Alger. Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, s'y est rendu hier à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale des douanes, qui correspond au 26 janvier de chaque année. Il a ainsi eu droit à d'amples explications de la part des douaniers. La Chine n'est cependant pas le seul pays de provenance de ces produits. Les chiffres des douanes classent les Emirats arabes unis en seconde position avec plus de 30% de la marchandise contrefaite. La Turquie, l'Italie, l'Allemagne et le Liban figurent également parmi les pays de provenance. Les produits alimentaires sont les plus touchés par le phénomène de la contrefaçon. Ils constituent plus de 40% des retenues douanières réalisées au cours de l'année dernière. Viennent ensuite les pièces de rechange avec plus de 28%. Il y a également les cigarettes qui proviennent du Niger et du Mali, notamment la marque Rym produite et commercialisée par la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA). Un échantillon du « faux produit » a été exposé au musée des douanes. L'imitation est tellement parfaite qu'il faut être expert en la matière pour pouvoir séparer le bon grain de l'ivraie. Pour repérer les produits informes, les Douanes algériennes font appel aux opérateurs économiques. C'est ainsi que le directeur général des Douanes, Mohamed Abdou Bouderbala, reconnaît que sans l'aide des représentants de différentes marques importées, il serait difficile aux douaniers, qui manquent de moyens et qui méconnaissent les produits, d'accomplir leur mission. « Nous n'avons pas les moyens adéquats aujourd'hui pour combattre la contrefaçon tels que les laboratoires et les expertises », déplorait-il hier dans une déclaration à la presse en marge des festivités de la Journée mondiale des douanes. Mais il tient cependant à rassurer que grâce au programme tracé de 2007 à 2010, les services des douanes seront dotés de nouveaux matériels modernes nécessaires pour réprimer ce phénomène qui, non seulement nuit à l'économie nationale, mais met en danger la santé et la vie des citoyens. « En attendant, l'administration des douanes fait appel aux opérateurs économiques installés en Algérie pour nous donner l'information sur les produits importés », précise-t-il. Le principe est que lorsqu'une autre personne importe la même marque représentée par un concessionnaire en Algérie, le représentant officiel est sollicité par l'administration des douanes afin de venir constater cette marchandise. Selon M. Bouderbala, une grande partie des produits contrefaits saisis en 2006 a été dévoilée par des opérateurs économiques. La contrefaçon se fait également en Algérie. Selon le ministère du Commerce, l'Algérie est devenue un véritable producteur de « faux produits », au point où près de 40% de la production locale est contrefaite. Pour endiguer ce phénomène, le DG des Douanes appelle à plus de collaboration entre ses services et ceux de la sécurité (la police et la gendarmerie). Mais aussi, il estime qu'il serait difficile de contrecarrer cette « profusion » de marchandises contrefaites sur le marché algérien sans qu'il y ait plus de coopération et de coordination avec d'autres pays avec lesquels les échanges commerciaux sont importants. Il affirme dans ce sillage que des accords entre l'Algérie et des pays européens, notamment la France, sont en cours de concrétisation. « Une délégation française est venue la semaine dernière pour discuter de la relation entre les ports français et algériens », indique-t-il, affirmant que le but recherché par la coopération internationale en matière de lutte contre la contrefaçon est de doter les Douanes algériennes d'une base de données solide qui leur permettra d'avoir l'information en temps réel.