Cinq jours après le déclenchement des violences partisanes dans les territoires palestiniens, au cours desquels plus de 35 personnes ont été tuées et plusieurs dizaines d'autres ont été blessées, les mouvements Fatah et Hamas ont conclu un nouvel accord de cessez-le-feu, rentré en vigueur lundi. L'accord conclu avec l'aide d'une délégation sécuritaire égyptienne était globalement respecté hier, 48 heures après son entrée en vigueur. Un incident a été enregistré mardi avec mort d'homme. Mais hier, les dizaines de militants du Hamas et du Fatah, enlevés ces derniers jours dans la bande de Ghaza lors de la dernière vague de violences partisanes, ont été libérées, ont indiqué hier des responsables des deux mouvements. « L'atmosphère est meilleure mais (...) la Force exécutive (contrôlée par le gouvernement du Hamas) est toujours déployée dans les rues, ce qui provoque des tensions et n'aide pas au rétablissement de la confiance » entre les deux mouvements, selon un responsable du Fatah. Et puisqu'il est question de confiance, le mouvement islamiste Hamas a accusé hier l'administration américaine de chercher à provoquer une guerre civile dans les territoires palestiniens en annonçant une aide de plus de 86 millions de dollars aux forces fidèles au président palestinien, Mahmoud Abbas. Le président américain, George W. Bush, a ordonné l'octroi d'environ 86,4 millions de dollars d'aide pour les forces de sécurité placées sous le contrôle direct d'Abbas, a indiqué la Maison-Blanche mardi. « L'idée consiste à développer les forces de sécurité légitimes, contribuer à faire respecter la loi et l'ordre à Ghaza et en Cisjordanie, combattre le terrorisme et faciliter le mouvement et l'accès à Ghaza en particulier », a indiqué un porte-parole de la Maison-Blanche. L'accord de cessez-le-feu en question comporte plusieurs points, dont le retrait des hommes armés des rues, la levée des barrages militaires, la libération par chaque camp des individus enlevés, le retour des forces armées dans leurs casernes, l'interdiction de l'extension des affrontements à la Cisjordanie occupée, l'arrêt des campagnes médiatiques d'incitation à la violence et la remise aux autorités des éléments des deux groupes « soupçonnés d'implication dans des meurtres ». Les hommes armés des deux groupes rivaux se sont retirés de la rue, mais des membres des services de sécurité (la police) étaient présents en force aux abords des bâtiments officiels, après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. Des accrochages sporadiques qui n'ont pas fait de victimes ont toutefois été signalés dans plusieurs secteurs de la ville de Ghaza, surtout aux alentours du siège central de la sécurité préventive, situé dans le quartier de Tal Al Haoua, une des principales cibles du Hamas durant les récents affrontements. Les rues menant aux QG des services de sécurité et aux bureaux de la présidence et du gouvernement ont été bouclées, soit par la police et la garde présidentielle ou par la Force exécutive, un organe monté par Saïd Siam, ministre de l'Intérieur issu du Hamas et contesté par le Fatah. Malgré le cessez-le-feu, la plupart des commerces étaient fermés dans la matinée et les rues largement désertes, notamment dans les quartiers ayant connu les plus violents combats. Comme ce n'est pas le premier accord du genre, il faut dire que rien ne garantit l'exécution fidèle de ses clauses. Un incident quelconque peut tout remettre en question et ramener de nouveau les protagonistes à la case départ. Vivre à Ghaza au cours des 5 jours de folie meurtrière qui s'est emparé d'un grand nombre de partisans des mouvements Fatah et Hamas n'était point facile. Le crépitement des balles, les explosions d'obus ou de roquettes antichars, les barrages militaires mobiles, les hommes armés cagoulés dont on distinguait difficilement l'appartenance, postes aux carrefours, les histoires atroces d'assassinat sans mobile clair sauf peut-être celui de la mouvance politique à laquelle appartenait la personne tuée, entretenait un climat de tension et de crainte chez les citoyens qui ont dû modifier beaucoup de leurs comportements et de leurs habitudes. Ils essayaient d'éviter certains quartiers devenus plus dangereux que d'autres, ou certains carrefours à cause de la présence d'hommes armés. Les gens ne sortaient la nuit tombée qu'en cas de force majeure. Beaucoup de familles ont quitté leur domicile situé dans des quartiers chauds à cause des histoires de personnes atteintes par des balles perdues à l'intérieur des demeures. Un terrible quotidien. Ghaza. De notre correspondant