L'Union européenne, comme l'Organisation mondiale du commerce, dont elle est d'ailleurs un membre au pouvoir très influent à côté des USA, gardent les yeux tout ouverts sur les richesses algériennes en pétrole et en gaz. Le rapprochement algéro-russe dans le domaine du gaz fait tenir à l'UE, le premier partenaire commercial de l'Algérie, toutes sortes de propos d'inquiétude. En fait, cet ensemble de pays européens tient ainsi à ne pas se laisser dépendre d'un partenariat entre ces deux pays gaziers qui, additionnés, pèsent quelque 40% de ses importations. Le précédent russo-ukrainien a été, en effet, le détonateur à cette angoisse des Européens de voir se constituer une « Opep du gaz », une sorte d'entente contre leur intérêt. Mais l'acharnement sur cette question, suivant tous les canaux diplomatiques, a montré à quel point l'Europe veut en faire un sujet hautement politique quand la logique économique peut à elle seule en donner l'explication ainsi qu'il en est pour la fusion, par exemple, de certaines entreprises européennes du secteur en vue de se doter d'une stature importante sur le marché. Mais si ainsi la situation semble un peu tendue autour des rôles de Sonatrach et de Gazprom sur la consommation européenne du gaz, tant du point de vue de l'approvisionnement que de celui des prix, il n'en demeure pas moins que le partenariat entre Alger et Moscou commence à prendre forme. Et il s'agit donc aujourd'hui de savoir jusqu'à quel point l'équilibre des intérêts des uns et des autres sera préservé. La question reste, en effet, d'autant plus intéressante pour l'Algérie qu'elle semble déjà liée, même indirectement, à son accession à l'OMC. Sinon, comment interpréter le message, avant-hier, de Mme Mina Mashayekhi, chef de la branche diplomatie et négociations commerciales à la Cnuced, qui a affirmé que le statut de pays producteur-exportateur de pétrole ne « facilite pas (à l'Algérie) la conclusion rapide de son accession à l'OMC ». Cette déclaration sonne d'ailleurs tel un démenti à celle plutôt triomphaliste du négociateur en chef de l'Algérie sur l'admission du pays au temple du commerce mondial en annonçant dans la même journée que le processus de négociation était au « stade final ». L'équation semble, ce faisant, plus compliquée dès lors que ni l'Algérie ni les pays membres de l'organisation ne semblent vouloir se départir de leur logique de profit, à savoir considérer respectivement que les prix de l'énergie sur le marché algérien constituent un avantage comparatif ou un acte de discrimination. L'UE peut bien user de son pouvoir au sein de l'OMC. Sa nature en sera donc une pierre de touche.