Le problème est posé : l'accès à l'éducation des personnes handicapées est limité. C'est du moins ce qui ressortira des propos tenus par les différents participants, hier, à l'Institut national de santé publique. Etaient présents, la fédération des associations des handicapés moteurs, la fédération nationale des sourds d'Algérie, l'association ALAM de Bouira, l'APIMC de Batna et d'Oran. Plusieurs constats ont été dressés suite aux différentes interventions. Le premier concerne le nombre d'établissements éducatifs spécialisés pour les personnes handicapées. Sur tout le territoire national, il n'existe que deux établissements pour les personnes handicapées moteurs. Pour les enfants sourds, il en existe 29. Mais quand un enfant est polyhandicapé, sourd et muet ou handicapé moteur et sourd, aucune institution n'est capable de le prendre en charge. Et ce qui étonnera davantage l'assistance, c'est qu'il existait davantage d'établissements spécialisés à l'époque coloniale et post-coloniale qu'aujourd'hui. « L'hôpital de Douéra disposait d'une école avec un directeur et des enseignants. Ainsi, les enfants hospitalisés pouvaient continuer à poursuivre leurs études sans être gênés par leur problème de santé », rappelle une intervenante. Une autre évoquera un problème rencontré à Tixeraïne, « l'UNICEF a permis à l'hôpital d'acquérir du matériel et de mettre à disposition une classe pour les enfants hospitalisés. Quand il s'est agi d'amener des enseignants, on nous a envoyé deux personnes qui n'avaient non seulement rien à voir avec le milieu éducatif et encore moins avec le milieu hospitalier. D'ailleurs elles avaient fait l'objet de mesures disciplinaires », raconte-t-elle. Les enfants handicapés sont très souvent obligés de s'insérer et de s'adapter dans un établissement où rien n'est prévu pour leur faciliter la tâche. Les enseignants, à défaut d'être démissionnaires, sont mal à l'aise face à un enfant handicapé. Une jeune fille témoignera des difficultés rencontrées pour poursuivre ses études. Inscrite à la fac centrale pour des études de pharmacie et handicapée moteur, Atmani Nazira ne peut pas toujours suivre ses cours qui sont au 2e ou au 6e étage. « Ma mère vient avec moi pour me prendre dans ses bras et monter les étages. D'autres personnes portent le fauteuil roulant. Il y a bien un ascenseur mais il est en panne depuis 14 ans », explique-t-elle. Elle a également lancé un appel pour obtenir un fauteuil, mais la Sécurité sociale lui aurait opposé un refus pour motif que le fauteuil roulant demandé est hors nomenclature. « J'en ai pourtant besoin », réplique-t-elle. Le nombre de personnes souffrant d'un handicap n'est pas évalué en Algérie.