Depuis la réunion de l'OPEP au Caire le 29 novembre dernier, le débat sur le prix du baril de pétrole a été relancé. Un facteur important a été la cause de cette relance, la déclaration du roi Abdallah d'Arabie Saoudite à un quotidien koweitien, le jour de la tenue de la réunion du Caire. « Nous pensons que le prix équitable du pétrole est de 75 dollars le baril », avait-il déclaré dans une interview publiée le jour même où l'OPEP tenait sa réunion consultative. Il est rare qu'un responsable saoudien parle du prix voulu par son pays. C'est pour cela que cette déclaration prend toute son importance. Surtout que la dernière en date d'un responsable saoudien sur le prix du pétrole remonte à une année et elle émanait du ministre du Pétrole, Ali El Nouaimi. Il avait déclaré que le prix idéal du baril de pétrole était situé entre 60 et 70 dollars. A l'époque, les prix étaient aux environs de 90 dollars le baril. Le prix de 75 dollars semble être une moyenne ou un consensus sur les prix voulus par les membres de l'OPEP. Il s'intègre dans la fourchette qui revient souvent ces derniers temps dans les déclarations aussi bien du président de l'OPEP, Chakib Khelil, que du secrétaire général de l'OPEP, Abdallah El Badri. La fourchette est celle d'un prix minimum de 70 dollars et prix maximum de 90 dollars avec un prix moyen cible de 80 dollars le baril. Plusieurs ministres de pays membres de l'OPEP ont commenté le prix de 75 dollars. Pour le ministre irakien, le prix juste serait de 80 dollars le baril. Tandis que le Qatar estime qu'un prix situé entre 70 et 80 dollars le baril est nécessaire pour les investissements. Pour le Venezuela, le prix juste serait de 80,90 dollars…. L'Iran avait déjà déclaré qu'elle préférait un baril de pétrole à 100 dollars. Sur ce plan-là, il semble y avoir un fragile consensus qui se dessine si l'on prend en compte l'importance de l'Arabie Saoudite au sein de l'OPEP et son poids en matière de capacités de production. Le chiffre cité peut aussi être interprété comme un message aux grands pays consommateurs et principalement aux Etats-Unis qui signifierait que les pays producteurs ont besoin d'un prix du baril de pétrole de 75 dollars pour pouvoir assurer les investissements nécessaires afin d'assurer la sécurité des approvisionnements. Ce chiffre est aussi considéré comme vital pour le développement des sables bitumineux. Pour l'instant, le baril de pétrole se situe autour de 54 dollars. Et vu l'état catastrophique de la demande mondiale en pétrole avec la crise, il sera impossible à l'OPEP de faire grimper les prix. Le prix cible ne pourra être atteint que lors de la reprise économique. Il faut se rappeler que l'annonce officielle de la tenue d'une réunion extraordinaire le 18 novembre, alors qu'une réunion extraordinaire était programmée à Oran pour le 17 décembre est intervenue le lendemain du jour où le panier des bruts de l'OPEP est tombé en dessous des 80 dollars le baril. Ce qui sous-entend que l'OPEP a déjà choisi un prix cible même si officiellement elle a abandonné l'idée d'une fourchette des prix comme celle du début des années 2000 (22-28 dollars). Jusqu'à présent, seuls l'Iran et le Venezuela ont évoqué un prix qui serait celui de 100 dollars le baril. Mais l'OPEP est une organisation qui fonctionne par le consensus. Hier vers 14h10 GMT, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude pour livraison en janvier s'échangeait à 49,36 dollars en hausse de 8 cents par rapport à son cours de clôture de lundi. Après avoir chuté de plus de 5 dollars lundi, les cours du baril ont plongé à 47,36 dollars dans les échanges électroniques d'avant-séance, un prix plus vu depuis mai 2005. Le marché semble avoir sanctionné l'OPEP pour avoir reporté la décision de réduire sa production au 17 décembre.