Plus de 50 travailleurs de la briqueterie de Remchi (wilaya de Tlemcen), en chômage depuis 38 mois, tiennent depuis hier une grève de la faim illimitée sur le parvis de la Maison du peuple, siège de la centrale syndicale UGTA. « Nous avons tout perdu depuis la privatisation de l'unité en janvier 2004. Nous sommes déterminés à récupérer nos droits déchus », ont-ils déclaré, ajoutant que depuis la vente de leur usine à un ressortissant algérien résidant au Maroc, leurs salaires sont toujours bloqués. « Le repreneur était censé garder les 160 travailleurs, comme il est stipulé dans la convention de cession. Il avait dit oui, malheureusement, il persiste à laisser l'usine fermée pour des raisons que nous ignorons », enchaîne le délégué syndical (UGTA) de l'usine. Pour étayer ses dires, le syndicaliste nous a exhibé des documents signés par les pouvoirs publics enjoignant au repreneur à faire démarrer l'unité. « Rien à faire, il ne veut rien comprendre, alors que nous avons tous les moyens (humains, matière première, équipements...) de relancer la production », soulignent ces travailleurs. Il faut noter qu'une commission d'enquête diligentée par le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, a fait ressortir de nombreuses carences, « inexpliquées », selon les experts dépêchés. Selon ces derniers, la société qui a repris l'affaire — pour 36 milliards de centimes « seulement » — à savoir Sotrib, était tenue de reprendre l'outil de production et de garder, comme il a été convenu, l'ensemble des travailleurs. « Au lieu d'obtempérer à l'instruction du ministre, le repreneur n'a pas trouvé mieux de saisir individuellement les travailleurs, les informant de rester chez soi. Ce licenciement qui ne dit pas son nom s'était produit quelques jours après l'intervention du ministre des Participations. Pour nous, le repreneur est porté disparu », soulignent encore les travailleurs. Sans revenus depuis 38 mois, les employés s'estiment abandonnés, en premier lieu par la SGP (ex-holding en charge des matériaux de construction) qui avait négocié la « vente de la honte ». « Nous sommes venus à Alger dans l'espoir de faire bouger les choses. Nous osons espérer que le ministère des Participations réagisse immédiatement. Nous n'avons même pas de quoi assurer une baguette à nos enfants », lancent-ils, dépités.