Le bon vieux minerai annonce un retour en force. Celui à qui on avait préféré le pétrole renoue avec ses anciens Etats puissants, mais quelque peu éreintés d'avoir usé de tant de grimaces pour s'approprier l'or noir. Lorsque le prix du baril a frôlé les 80 dollars, c'est avec l'apoplexie que les pays consommateurs ont fricoté. Les rictus à l'opep mais également les lancés de pavé dans la mare de quelques pays producteurs n'ont rien donné. Stupeur, colère ou menace, c'est avec une sorte de lassitude bienveillante que l'Europe et les Etats-Unis sont revenus à leur premier amour : le charbon. Aidés indirectement par la concurrente Chine qui en use et en abuse, les pays développés ont tout d'un coup trouvé des airs angéliques à l'un des plus grands polluants de la planète. L'Allemagne, pourtant grande championne des énergies dites propres, a entamé l'année dernière par la voie de son entreprise Deutsche Steinkohle, filiale du groupe chimique et minier RAG, une procédure d'autorisation pour ouvrir une mine de charbon. Très vite ont suivi le Royaume-Unis et dernièrement les Etats-Unis. Ces derniers, qui disposent de vastes réserves minières, prétendent cependant que la question d'exploiter le charbon n'a été soulevée que depuis qu'il est loisible de l'exploiter à ciel ouvert grâce à l'apport des technologies modernes. Ce qui permet de dire que le charbon constitue aujourd'hui le combustible le moins cher, le plus abondant, mais dont la combustion pourrait s'avérer, grâce aux dernières techniques, la plus propre. Bonne nouvelle donc. Pour les Etats-Unis. En Colombie, un coup de grisou a fait 32 morts la semaine dernière et la Chine, qui ne dispose pas des technologies modernes, compte rouvrir des mines fermées jusqu'ici car jugées dangereuses. Et aux pays producteurs de pétrole de se retrouver un ancien ami.